Parfois, pour chercher les informations, il faut vraiment le vouloir. Par exemple, dimanche dernier sest terminé un événement mondial tellement important que je nen ai pas entendu beaucoup déchos. Il y a tellement de sujets polluants lactualité (et ça va continuer) quil est difficile de trier. Tri sélectif.
Le sujet, cest quil sest tenu à Durban, une grande ville sud-africaine (trois millions et demi dhabitants), la dix-septième "conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques", du 28 novembre au 11 décembre 2011. Cela se passe ainsi depuis 1995.
Autant dire que ça a papoté avenir du monde à long terme. Étrangement, lavant-précédente, en 2009 à Copenhague, avait eu beaucoup plus de retentissement médiatique.
Cétait une véritable grand messe : douze mille délégués représentant cent quatre-vingt-trois pays ont participé à la conférence. Lenjeu nétait pas mince : il sagissait de savoir quoi décider après le Protocole de Kyoto qui sachève en 2012.
LUnion européenne était favorable à un renforcement des contraintes mais pas les autres pays industrialisés. Le point dachoppement, cest la position des États-Unis et de la Chine, les deux plus gros pollueurs du monde qui ne veulent aucune contrainte. Aucun engagement.
Revenons sur le Protocole de Kyoto.
Il a été signé le 11 décembre 1997, ratifié par cent soixante-huit pays en 2010. Entré officiellement en vigueur le 16 février 2005 (en pratique, le 30 novembre 2005), il impose une réduction drastique des émissions de gaz carbonique dans latmosphère : dici 2012, réduction de 5% par rapport à 1990 de six gaz à effet de serre (gaz carbonique, mais aussi méthane, dioxyde dazote etc.).
Pour le méthane, surtout, évitez de flatuler pendant la digestion.
La France a introduit dans sa réglementation le Protocole de Kyoto par le décret n°2005-295 du 22 mars 2005.
Lobjectif, cest déviter un réchauffement global de la planète de plus de deux degrés Celsius.
Dès le départ, les camps sont bien définis (encore à Durban) : dun côté, les États-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Russie, la Norvège et les pays de lOPEP, qui sont pour réduire toutes les contraintes ; de lautre côté, lUnion européenne et un groupe de pays insulaires très menacés par la montée des eaux qui sont partisans dimposer des règles très strictes.
Comme je lavais expliqué sur un autre com :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=89080
tout part du principe que les émissions de gaz carbonique (créant leffet de serre) génèrent un réchauffement global de la planète. Mais on na jamais vraiment prouvé cette affirmation.
On constate simplement quil y a plus de gaz carbonique dans latmosphère (dont au moins une partie, sinon la totalité, provient de lactivité humaine) parallèlement à un réchauffement global, mais il est impossible, avec les connaissances et observations actuelles, dassurer avec certitude quil y a un lien de causalité dans le sens proposé.
En effet, il est aussi possible quun réchauffement climatique dû à une autre cause (qui peut être lactivité solaire) renforce la proportion de gaz carbonique en surface.
Cela nempêche pas que les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas vraiment souhaitables, dune part, et que les énergies fossiles nont pas des réserves inépuisables, dautre part, ce qui signifie que même si lhumain se trompe dans son analyse, la conclusion de réduire les émissions de gaz à effet de serre ne me paraît pas délirante.
Lors de la Conférence de Montréal (du 28 novembre au 9 décembre 2005), il a été décidé donc de mettre en pratique le Protocole de Kyoto (il a fallu presque dix ans de signatures, ratifications et mises en application), et denvisager de proposer la poursuite du protocole au-delà de 2012. Le problème, cest quaucun pays na voulu sengager avant la fin du mandat de George W. Bush en novembre 2008 parce quil a toujours refusé la ratification de Kyoto (que Bill Clinton avait signé).
Entre 1990 et 2004, la France et la Grande-Bretagne ont tenu leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. LAllemagne est légèrement en deçà des objectifs. En revanche, le Japon, les États-Unis et surtout le Canada sont dans de fortes hausses démissions de gaz (le Canada en particulier).
À Durban, il a été proposé dinstaurer un cadre juridique contraignant et un calendrier précis pour réduire les émissions mais la Chine et les États-Unis ont refusé (ils sont responsables, à eux deux, denviron la moitié des émissions de gaz au niveauu mondial). La Chine, au contraire, veut un juste prolongement du Protocole de Kyoto qui ne lui impose rien.
Laccord final est donc très décevant, le dimanche 11 décembre 2011 (après deux jours de rallonge et pas mal de portes claquées et de risque de capotage ultime) : le Protocole de Kyoto est prolongé au-delà de 2012 ; un fonds vert dune centaine de milliards de dollars est prévu pour aider les pays en voie de développement à faire les transformations nécessaires de leur industrie dici 2020 ; enfin, de nouvelles négociations sont lancées (Durban Platform for Enhanced Action) pour contraindre les pays par un engagement juridique dici 2015 avec mise en application à partir de 2020.
Preuve que cest très décevant, les plus gros pollueurs (États-Unis, Inde, Chine) sont satisfaits. Cela dit, il y a lengagement dune contrainte juridique future qui pourra être très porteur dici la fin de la décennie actuelle. Vu les difficultés de négocier à vingt-sept au sein de lUnion européenne, on admettra également que négocier à presque deux cents sur des sujets graves nest pas une manuvre aisée.
Autre déception, dès le lendemain de la conférence, le 12 décembre 2011, le gouvernement canadien de Stephen Harper (au pouvoir depuis le 6 février 2006) a décidé de retirer le Canada du Protocole de Kyoto. Cest le plus mauvais élève en terme dobjectifs de réduction.
En 2002, avant son arrivée au pouvoir, Harper avait imprudemment affirmé à ses partisans : « Kyoto est essentiellement un complot socialiste qui vise à soutirer des fonds aux pays les plus riches. [Sa] mise en application nuirait gravement à lindustrie des hydrocarbures, qui est essentielle [à léconomie] (
). Les travailleurs et les consommateurs de partout au Canada y perdront. Laccord de Kyoto ne fait pas de gagnant au Canada ».
Sans être anticanadien primaire (jaime ce pays), il faut noter que la pollution na jamais été un sujet porteur dans ce pays (enfin, non, justement, les préoccupations environnementales sont maintenant devenues prioritaires chez les électeurs canadiens, mais pas encore dans leur classe politique). Rappelons que principal exportateur damiante, il continue toujours à en livrer à lInde et au Bangladesh
Le ministre canadien de lEnvironnement Peter Kent a assuré que sans ce retrait, ce serait léquivalent de mille six cents dollars par ménage que la Canada aurait dû payer comme pénalités ou alors, il lui aurait fallu interdire toutes les automobiles à essence et « couper le chauffage dans toutes les habitations, bureaux, hôpitaux et usines » (conséquences contestées par des parlementaires de lopposition).
Pour justifier son retrait du Protocole de Kyoto (sans précédent), le Canada estime quil nest pas une solution à cause de labsence des États-Unis et de la Chine et quil faut tout focaliser sur le processus de Durban qui va donner des contraintes juridiques plus fortes à tous les pays.
La France a quelques enjeux dans cette bataille : avec ses cent dix-huit îles de la Polynésie française réparties sur une surface étendue comme lEurope, elle na aucun intérêt, comme les Pays-Bas ou le Bengladesh, à une montée des eaux.
En somme, il ne sest rien passé à Durban sinon quon sest dit quon reviendrait papoter pour négocier un réel accord. 1995-2020. Finalement, cest court à léchelle des évolutions planétaires.
Tout va très bien, madame la Marquise
http://www.youtube.com/watch?v=EHRPwipKJA4
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=40383
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