Elle chantait la joie des enfants dans les rues,
Les fleurs et les parfums aux cheveux des sirènes,
La tendre nostalgie des amours disparus,
Et la douceur des vents caressants les carènes.
Elle pleurait parfois les regrets, les ailleurs,
La tendresse des femmes et que sont devenus
Tous les baisers volés. Je ressens la chaleur
Sur la scène du sable blond de ses pieds nus.
Elle rêvait souvent sa terre et les couleurs :
Lazur infiniment et les rouges du sol.
Il faut un jour laisser sans nous pousser les fleurs
Morna était sa voix Quand plus rien ne console.
Elle dansait la vie et les adieux amers,
Et les brins de tabac sur ses doigts arc-en-ciel,
Ses îles sous le vent, un jardin dans la mer.
A présent, elle rie, sa maison est le ciel.
A Cesaria Evora.
Certains savent ici comme je l'aimais...
Quels titres de chansons offrir, il y en avait tellement. Des Mornas (chansons mélancoliques), la plus célèbre "Sodade", mais aussi "Tiempo Y Silencio", "Mar Azul", "Isolada", "Beijo Roubado", "Mar De Canal" et pour moi la plus belle "Cretcheu Di Ceu" ou bien des Coladeras (rythmes plus enlevés) le "Carnaval de Sao Vicente", cette île où elle est née dans la ville de Mindello et où elle va reposer, "Angola", "Sangue Di Beirona", "Sabine Largam" et tant d'autres.
Un simple clin d'oeil, une pensée pour une très grande âme... généreuse et d'une telle humilité : "Je regrette infiniment de devoir m'absenter pour cause de maladie, j'aurais voulu donner encore du plaisir à ceux qui m'ont suivie depuis si longtemps. La vie continue, je suis venue vers vous, j'ai fait de mon mieux..." - Cesaria Evora interviewée par Le Monde il y a quelques mois.
Cize (c'était son surnom) était un être à part qui nous réconciliait avec ce que l'Art et les artistes ont de plus beau, une femme que le succès n'avait pas terni et qui s'adressait à celles et ceux qu'elle approchait avec le même élan de générosité, la même timidité et la même chaleur...
Je crois que son plus grand talent c'était sa personnalité authentique, faite de simplicité et d'une douceur non feinte qui finissait par gagner le coeur de celles et ceux qui écoutaient sa musique.
Elle était la voix des opprimés, de celles et ceux qui ne sont pas entendus mais aussi celle de son "petit pays" comme elle le chantait si joliment.
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