On s'était dit qu'on irait faire un tour. Bien sûr, ça s'était remis à chauffer sur la place, mais ça faisait trois jours qu'on n'était pas sortis et on voulait se rendre compte un peu par nous mêmes. La télé dit tellement de mensonges.
Ma femme a mis sa galabbiah et un foulard rouge, j'ai dit à ma fille de mettre quelque chose aussi sur sa tête, pour le cas où on croiserait des excités.
Pour chauffer, ça chauffait, on a bien cru pouvoir passer au large. Les militaires étaient en train "d'intervenir" deux manifestants quand on est passés. On s'est activés, les femmes sont passées devant, les soldats m'ont bien un peu chatouillé les reins de leur matraque mais j'ai pensé qu'on allait y échapper.
C'est la faute à Bouchrah, si on s'est fait prendre. Cette petite écervelée n'a jamais su tenir à sa place. Quand elle a vu cette fille au soutien-gorge qu'on traînait comme un amas de tissus, elle n'a pas su rester à sa place. Que voulez-vous, la jeunesse a toujours une espèce d'exigence de justice. Ce sont des êtres d'idéal, on ne peut pas leur en vouloir.
Bouchrah est retournée dans la foule, elle a crié après les soldats qui s'en allaient de l'autre côté. Elle a ramassé des pierres, tout le monde le faisait autour de nous.
Ils sont revenus en vague. Je n'ai pas eu le temps de dire à ma femme de se mettre à l'abri. Ils nous sont tombés dessus.
Matraques
Saut à pieds joints sur des thorax à terre
Coups de pieds dans une tête aux mains ligotées
A qui mieux pire
Au plus s'avilissant
A 20, 30, 50 contre un, qui plus est à terre...
Qui pourra jamais être plus à terre ?
http://egypte.blog.lemonde.fr/2011/12/18/tahrir-la-repression-militaire-en-images/
http://youtu.be/K3tB-6R7p4E
↧