Cette semaine là d'avant Noël je l'aime.
J'aime l'odeur du sapin qui plane sur nous, la chaleur des décorations, la douceur des bougies, on est dans l'attente.
Petite fille je partageais cela avec mes trois frères et mes quatre surs avec frénésie, nous étions aux aguets pour apercevoir un éventuel paquet, ou un petit signe du Père Noël et oui il existait en ce temps là!
Maman nous mettait à contribution pour préparer les truffes, les fruits déguisés ou autres friandises, je roulais les truffes dans mes petites mains me demandant comment quelque chose de si bon pouvait avoir l'air si «cracra», je l'aidais pour faire les gâteaux et décorer la maison, la crèche , remplie de soixante personnages de Provence, chacun avait une histoire car ils avaient rejoins leurs compères à chacune de nos naissances, et huit petits anges entouraient ce petit monde et chacun d'entre eux portait notre prénom, c'était vraiment la grande fête de notre famille, même si pour mes parents côté spirituel tenait sa place, comme la messe de minuit et les cadeaux arrivaient le lendemain au pied du sapin.
Pendant de nombreuses années nos réunions familiales étaient du bonheur à l'état brut, mes parents faisaient attention à ne susciter aucune jalousie entre nous, ce qui se passait très rarement, et fabriquaient régulièrement un cadeau pour chacun de nous accompagné d'un cadeau tout fait. Le souvenir d'un théâtre de guignol bien présent dans ma tête, comme deux landaus « anglais » où Maman avait glissé deux belles poupées « Bella », habillées de chemises de nuits en pilou rose à pois blancs ornés de smocks et une toute pareille à la taille de ma sur et de moi-même, des jolis moments engrangés dans une malle de souvenirs d'enfance dans le grenier de mon cerveau.
Et puis ces attentes douces auprès de l'âtre sont devenues celles de mes enfants. Les mêmes petits gestes, pour rouler les truffes au chocolat, remplir de pâte d'amandes les dattes, pruneaux et noix, et rajoutant nos propres confections, écrivant ainsi la suite du livre familiale, chacun apportant ses souvenirs enrubannés pour donner à nos enfants.
Dans quelques années se seront eux qui écriront la suite du livre, qui ajouteront leurs recettes, leurs petites traditions simples, pour que cette semaine festive soit un grand moment de joie familiale !
Certains ici vont me dire que l'on a pas besoin de ces fêtes commerciales pour ce retrouver, mais nous nous voyons cela comme un rendez vous d'amour entre nous et la joie de rire et de chanter à la lueur des bougies, oui bien sur il n'y a pas que la date qui compte mais au milieu de l'hiver c'est le réchauffement du corps et de l'âme!
Pour la deuxième fois en cinq ans, me voici privée de cette semaine et de ce repas avec mes enfants autour de la table, où nous dégustons les douceurs fabriquées pas nos soins , les cadeaux choisis et les belles histoires de notre chemins depuis le dernier rendez vous sous le gui.
Ici je vois les sapins illuminer les couloirs froids de Kerpape, les étoiles accrochées aux murs, allant même jusqu'à accrocher des décorations lumineuses sur nos fauteuils, mais que de tristesse dans le regard de ceux qui restent, les guirlandes électriques ne camouflent pas les cernes de fatigue dues aux nuits blanches.
J'aime rire c'est ma force, mais ma force me fuit, elle s'écoule doucement, les truffes au chocolat ont un goût amer, un goût qui reste au fond de la gorge et forme une boule, cette boule m'oppresse et m'empêche de sourire, je devrais être chez moi, au milieu de cette fièvre de la préparation de notre réunion d'amour, la seule fièvre que j'ai se mesure au thermomètre, à la douleur de la brulure de mon dos, à la souffrance de ma cheville, je ne fêterais pas Noël que j'aime cette année, et ne me dites pas qu'il y en aura d'autres ça je m'en fiche, au jour d'aujourd'hui c'est celui là qui m'est volé, volé par la douleur de mon corps par sa désertion à être fort, ce corps veut-il me dire quelque chose, je ne sais pas , ou alors envoyez moi un traducteur, que je puisse trouver enfin le bouton stop!
Il me semble que la bonne fée qui s'est penchée sur mon berceau a du prendre sa baguette magique à l'envers, heureusement que celle de la bonne humeur et celle de l'espérance ont mis le paquet !
Que ceux qui aiment cette période comme moi la vivent pleinement, pour ceux qui ne partagent pas cette enthousiasme je vous espère de belles joies !!
Agnès
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