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L'ETRANGE NOEL DE FOSTERWELLES par Fosterwelles

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Il était une fois, au cœur de la froidure d’une belle nuit de décembre… LA nuit de décembre ! The night of the 25th december, dans chaque maison de chaque ville, village, hameau ou trou de chaque pays des cinq continents de notre merveilleuse et paisible planète bleue, vit un enfant qui tourne et se retourne dans son lit douillet un peu trop petit impatient d’être au lendemain pour découvrir, le cœur réchauffé par un crépitement de cheminée, les yeux ébahis de surprise et de bonheur, les beaux et surtout gros cadeaux que ce bon vieux Papa Noël lui a déposé sous l’arbre richement décoré puisque évidemment tous ont été si cro cro mignon les bouts de choux, si choux ! Ach Noël ! … Cette nuit de Noël ponctue alors une période de trêve câlinant le Monde entier, all around the World, où chaque homme et femme s’aimeraient, s’écouteraient, se comprendraient, où chaque peine trouverait son épaule et son kleenex et chaque joie ses yeux rieurs et son dentier émaillé. Période d’amour et d’allégresse aux parfums mêlés de pomme, de cannelle, de pain d’épice d’orange, de chocolat, d’épicéa et de marrons chauds… La Paix, quoi !!! …du moins chez les triples AAA. JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA …et tout le monde était heureux ! Tous s’étaient déplacés pour le banquet, Marina et son turc, les deux anciens de « Tempête du désert », Gilles, Sébastien et Olive, il y avait même le vieil Aurèle et son clébard à trois pattes ; tous s’étaient rassemblés autour de nos étranges tables de fortune, quatre grosses vieilles bobines de câblage piquées près de l’entrepôt de la SNCF surmontées de planches empruntées ça et là. Pour la première fois depuis pour certains des décennies, on se retrouvait pour rire, manger, boire et parler de la vie ! Prenez l’exemple de Jean-Marc, à la rue depuis trente-sept ans, ou depuis un ou deux an comme Moktar, Isa et leur gosse Boris et son insupportable tintamarre ; oui pour la première fois depuis longtemps, un noël n’avait pas été aussi beau pour ces toxiques sociaux inactifs et dessociabilisés ! Tous durant cette soirée imprévue, il y a encore vingt quatre heures, s’étaient à une ou deux reprise tourné vers moi pour me remercier d’un geste, d’une inclinaison de tête maladroite, d’un verre levé ou d’un pincé de lèvre qui dans mes souvenirs d’une autre vie s’appelait baisé… Tout ça était bien, juste ! Oui JUSTE !!! Il devait aussi y avoir de la justice dans l’emphase hallucinée de cette fête injuste où les laissés pour compte ne sont heureux à Noël que dans les films spielbergiens ou dans les séries américaines-chamallow que bon nombre de mes amis des trottoirs et des ruelles sales regardait sans entendre derrière les vitrines étincelantes des grands magasins dégueulant de produits manufacturés mais périssables et à la mode dont le prix moyen équivalait qu’on soit seul ou en famille à deux cents plats chauds et pouvaient nourrir Moktar, sa copine et leur môme pendant trois mois. La Justice devait être rétablie pour nous les miettes moisies du capitalisme et des contes pour enfants. Oui ce soir, ils seraient heureux - Ils étaient heureux ! - et même si cela ne devait durer que quelques heures, l’espace d’une nuit, là, ici et à cet instant rétabli. L’alcool aurait meilleur goût, s’enivrer ne serait pas ce jour une course vers l’oubli de soi et le besoin impérieux, même vital, de se réchauffer et de repousser l’engourdissement mortel si culpabilisant pour ces dames et ces messieurs pleurant sur la misère du « pauvre », celui inodore et canalisable stéréotypé entre les pixels médiatiques de leurs nouveaux et toujours plus grands écrans plats ; non, l’alcool serait ce soir le jouet d’un plaisir insouciant, l’objet d’un partage dans la confiance et la joie d’être ensemble. JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA Buvez mes amis, buvez ! …et pour une fois oubliez et riez ! Vous aussi avez ce droit ! JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA Ce repas était excellent ! Vraiment… Merci encore à Joe pour les bocaux d’airelles. Joe avait une ex copine qu’il avait quittée il y a deux ans, après avoir trouvé son meilleur pote planqué entre les deux pieds de son propre bureau en chemise déboutonnée et le sexe débandant s’écoulant encore chaud sur ces pieds nus. Joe s’étonnait, à la vue de cette situation qui lui donnait droit au pétage de plomb ordinaire de l’homme trompé, de ne pouvoir détourner ses yeux des pieds de son désormais ex-pote. En dix ans d’amitié et de quatre cent coups, jamais Joe n’avait noté que ses doigts de pieds se chevauchaient aussi bizarrement. Détail qui à cet instant misérable le chagrinait un peu… Son ex, Aurélie, sa moitié du moment avait eu le temps de se rhabiller, enfin presque because ce qui lui mit la puce à l’oreille à Joe, et celle-là le démangeait pas qu’un peu - ça vous gratouille quelques part comme dirait l’autre drôle !- en plus de cette curieuse exhalaison d’échauffement des chairs qui lui était coutumière dans sa chambre, entre ses draps, et pas dans son bureau ; oui donc, enfin presque, rhabillée puisque le pan arrière droit de la jupe de son innocente compagne s’était coincé dans la ficelle de son string cerise, sa couleur préférée. Enfin en gros, il avait tout plaqué à ce moment là, adieu la griotte, un sac à dos mal fermé et hop, cassos, la rue fissa ! Curieux orgueil chez certains hommes qui dans la démesure les pousse à se couper du monde des vivants sociaux. Aurélie aujourd’hui était appro chez Auchan et lui devait bien un petit service. Forcement, non !? Elle prit dans la casse du magasin deux douzaines de bocaux d’airelles et quatre cartons de Beaujolais appartenant à un lot d’invendu non encore inventorié, et les lui avait refilé discrètement au moment de la fermeture par la porte de derrière, côté réserve. Mais chut ! Ne dites rien, c’est verbotten de faire ça ; c’est quand même un peu du vol à ce qu’ils disent ; mais bon, faut pas gâcher et puis c’est pour la bonne cause ! Côté culpabilité, quand on doit se racheter ou bouffer, on s’arrange toujours avec sa conscience ! (Pas vous ?) ..En échange Joe la remercia et la gratifia de quelques coups de reins bien venus dont il avait quelques secrets. Ici aussi l’Ordre était rétabli. Amen. Je vous ai dit ?!! Non ? Merde j’adore le gibier ! J’y peux rien ça me rappelle trop de chose sympas, rassurantes… Mon grand-père chaque année quand j’étais môme nous donnait un cuissot de chevreuil ou de sanglier au retour de la chasse. Enfin, à partir d’une année ça n’avait été que du chevreuil parce que côté sanglier mon grand-père l’avait mauvaise. C’était un vingt décembre !…même qu’on l’avait bouffé, sauf mon grand-père un rien rancunier, ce bétin là s’était fourré sous le moteur de la R5 de papy et de ses deux perdrix posées sur le siège avant… enfin avant le choc ! Le bétail était mort, la bagnole et ces foutues perdrix aussi, quant à mon grand-père furax, un gnon sur le front rouge comme son pif, on l’avait aperçu débouler au coin du chemin de la ferme, les perdrix à la ceinture, la gueule rouge d’épuisement et de colère et le sanglier crevé, la gueule baveuse sur son cul et les pâtes arrière attachées autour de son cou. Il jura mordicus qu’il n’en boufferait pour rien au monde de ce salaud de bétail là… Le repas de noël venu, il n’en mangeât pas et nous on rigolait à le voir renfrogné et grognant à chacune de nos bouchées ! Ces souvenirs sont loin aujourd’hui. JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA Fantastique vraiment, ce gibier ! Une journée de boulot pour dépecer, vider et découper les sept pièces… mais bon dieu ça valait le coup… Tombé sur sept bétins de cette qualité en pleine nuit de Noël, pour un coup de bol, mon vieux, s’en était un foutu ! Bon c’est vrai, vous me direz, certain d’entre vous, que la chasse c’est dégueulasse, que le jeu y est déséquilibré, que l’animal n’a aucune chance, et puis qu’un animal à droit à la vie, à sautiller dans les sous bois avec ses petits entourés de belles prairies verdoyantes parfumées de fleurs multicolores caressées par le poil doux de petits lapins dansants au milieu de rondes d’oiseaux chantant à tue-tête des textes niais de l’oncle Walt Disney. C’est bon n’en jetez plus, c’est pas les frères de Bambi non plus, faut pas charrier ! … et côté déséquilibre du jeu, je tiens à préciser et c’est tout à mon honneur et à celui de mon grand-père, que je les ai abattus au javelot. Enfin, avec ce que j’avais sous la main, une barre en métal noir époxy avec un pic en forme de flèche qui s’était dessoudées du portail d’entrée du bâtiment cradingue et abandonné que j’avais squatté en bonne cloche ! Bon ok, j’avoue parce que c’est la nuit de Noël et qu’il faut être honnête et tout le cirque : le portail, je l’ai peut-être un peu travaillé à la barre à mine façon bourrin ardennais ! Bon dieu, le tir avait été parfait… quarante cinq mètres, les enfants !!! Ouep, le javelot de fortune s’était planté en pleine gorge du chef de la harde, paf elle lui avait traversé le cou dans un cri épouvantable d’un dîner en sursit. Une fois tombés, je les ai achevés avec un autre pic du portail… Rapide comme l’éclair sur ce coup là, à part deux qui se sont tirés. Miam… Un sacré coup, bon dieu ! JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA Noël et sa magie ! Une douce musique de paix qui met en suspension les violences du monde et une bonne partie des instincts destructeurs et merdiques humains… Il ne neigeait pas, nous n’avions pas de sapins richement colorés ni d’oncle Bernard déguisé en Père Noël, enfin pas vraiment Bernard, pas vraiment là et pas franchement déguisé et bonhomme ! Oh ça va, j’y suis pour rien, je l’avais pas vu moi … je ne pouvais pas le …. Il m’a vu m… …on n’avait pas de sapin richement coloré et encore moins de belles vaisselles, mais on s’était tous bien débrouillés et tout le monde aurait des cadeaux. Peter, un ancien militaire qui s’était compromis au Congo et qui depuis était devenu totalement parano, se vantait d’être un bon cuistot ! Je m’étais donc confié à lui pour mon idée de banquet de fortune et lui avait amené les bouts de viande pour qu’il les fasse mariner et cuire… L’idée choisie fut d’utiliser les pics du portail et d’y empaler les gigots des sept bestiaux pour les faire cuire au dessus d’un feu bien nourri sur le terplein de la vieille usine de corset. Peter avec les airelles nous avait concocté une recette anglaise qu’il tenait de sa défunte mère… après discussion sur le menu et avoir mis mon veto sur l’utilisation de la menthe fraîche dans la sauce, l’opération « Renne d’un jour Noël de retour » fut lancé. Oui, je sais mais bon, je voulais un slogan thématique comme y dise dans les pubs, pour accrocher au dessus du portail à l’entrée de la vieille usine en ruine. JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA Tout le monde était heureux, échangeait et riait en déballant les cadeaux… je restait un peu à part, les regardant avec bonheur, et si satisfait d’avoir pu leur apporter ce dernier Noël… Au moins, j’aurais fait ça pour me rattraper ! Tout dans la vie de ne peut pas être systématiquement merdique… … et dire que je devais m’éclipser, sans pouvoir profiter à fond de la fête !!! A quoi bon de toute façon, j’ai toujours fait que des conneries et suis toujours passé à côté de la vraie vie. Suis vraiment un CON ! … il est 5h du mat, il est temps que je finisse le travail avant que le jour se lève… Drôle de Noël tout de même… Mes amis grâce à moi avaient passé leur plus beau Noël depuis des années, ils étaient plus légers ce matin, et leurs enfants pour la première fois depuis longtemps portaient sur leur visage un sourire innocent et joyeux ! Et ça grâce à moi… et pourtant j’étais là, transpirant et crevé, en train de creuser comme un con un trou dans la terre gelée du champs abandonné de mon grand-père mort depuis des années. Bon dieu, il fait un de ces froids ! Si c’est pas malheureux quand même, je me suis interdit de picoler pendant toute la durée de la fête pour pas perdre la tête et dire trop de connerie, à propos de tout ça ! Bon, qui m’aurait cru, vous me direz ! Pfff ! Et puis je voulais être sûr de pouvoir embarquer le bonhomme dans le coffre de la Clio que j’avais emprunté rue Mozart, tranquillement, une fois les uns endormis et les autres trop bourrés. N’empêche qu’un peu de beaujo dans les tripes, ça me réchaufferait les sangs et les doigts. Pour creuser, ça promet ! Reste deux bornes, le coin est entre deux champs. Je ne l’avais pas imaginé si lourd celui-là, à le traîner sur ces deux kilomètres on a du mal à l’imaginer voler. Au jugé comme ça je lui donnait pas loin de trois cent livres… Pfff, si j’avais eu le temps, rien qu’une journée de plus, je l’aurais découpé et filé en faux-filets aux clébards affamés qui traînent dans le quartier. Tous les jours, j’en vois une bonne quinzaine en bande ou solitaire qui crèvent la dalle comme nous autres, habitants des ruelles. Mais la situation demandait de l’efficacité et en vingt quatre heure ils n’auraient pas tout bouffé. Enfin arrivé ! Le coin est tranquille, je le connais bien, mon grand-père m’y avait emmené la première fois à huit ans, et on y avait enterré mon Blacky, un épagneul que j’adorais ! C’était le cimetière officiel de mes animaux de compagnie, tous reliés à des instants de joie de mon enfance. Donc idéal pour ma besogne, lui aussi avait dû me rendre heureux. Je crois ! Mais quand déjà ?! L’endroit était reculé derrière un fossé entre deux massifs épais de mûrier… JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA …le déshabiller ou pas ! J’optais pour le foutre à poil et brûler ses fringues et son traîneau avec le bidon d’essence que j’avais pensé à prendre. Je rasais aussi sa barbe épaisse… C’est on jamais avec mon bol, on pourrait le retrouver et le reconnaître … Imaginez un peu le bordel, si après avoir tué et fait bouffer ses rennes on découvrait que je l’avais achevé après sa chute à coups de brique pour finir par le tondre et l’enterrer. … je sais j’ai tué le Père Noël juste pour un bout de barbaque ! Mais dans la galère où j’étais qui aurait pu me faire croire au Père Noël ???!!! JINGLE BELLS, JINGLE BELLS, LA LA LA LALA

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