Replay.....
Juste pour le plaisir de garder ici ce 'com' d'un an.... déjà....
VUX D UN PERE A SON FILS
Salut mon fils !
Nouvel An oblige : alors
« Va bene »
Le temps passe, nest-ce pas ?
Alors je profite de ce nouvel An pour te dire deux ou trois choses qui, par convention, ne se disent guère entre un Père et son Fils
Cest que tu es grand maintenant
Tu travailles, et déjà une femme sest installée dans ta vie.
Je sais aussi que le Temps presse, que nous ne disposons pas de lui comme nous le désirons
que nous remettons à plus tard (à tort..) ce qui ne parait pas urgent
.
Tu le sais comme moi : nombreux sont ceux qui, pris dans le terrible « travail du deuil » à faire pour survivre et lâcher la main de ceux que nous avons aimés, regrettent de navoir pas dit ce quils avaient à dire
Je voulais te le dire
A peine étais-tu né que je tai adopté : je tai aimé dès le premier jour, et jai ri de mon propre étonnement
Jai payé le prix fort, et celle qui est ta mère mest devenue lointaine
.
Ainsi va la Vie, ça va ça vient, et nous
coquilles de noix chahutées sur la mer par gros temps
Mais toi, je tai aimé sans effort de fidélité, avec constance, avec présence, depuis plus de trente ans maintenant dans une évidence simple.
Comme leau de source.
..Est-ce cela être Père ? Je ne sais pas.....
Mais ton Ami, oui, cest sûr !
Nous avons tant parlé depuis que tu nes plus enfant
Je tai épargné mes peines : elles navaient pas leur place entre nous.
Mais jai connu les tiennes
Non pas celles de lEcole...Nous avons fait avec et nous avons su faire, toi qui étais plié en deux de rire quand je parlais anglais
moi qui me « remettais » aux mathématiques parce que tu « décrochais »
Mais celles du « cur » (déjà
),
.. les premières amours et leurs cortèges dangoisses, dinsomnies
ou dilluminations assassinées
Tu ne comprenais pas cette douleur, je te disais quil faut laimer aussi, ou renoncer à vivre
Moi non plus je ne lai pas comprise
.
La promesse est si jolie
Pourquoi est-elle si peu tenue ?
Les souffrances illogiques
.
Nous avons tant parlé, chaque semaine, dans ce petit restaurant italien ou nous aimons tant nous retrouver
Tu mexpliquais ce que tu avais compris de lastronomie, du temps, de lespace, de la vitesse, des galaxies
Tu me cassais la tête (oui !) jusquà ce que je te dise ce que je crois avoir compris de Platon ou de Saint Anselme
Et puis ton amour de la musique..Des « grands » du blues , du jazz, de ton acharnement à vouloir les « jouer »
et du découragement, parfois, souvent
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Pensif, vous songez aujourdhui que ces moments auront été parmi les plus chers à votre cur, et que lamour que nous éprouvons pour les enfants est peut-être, à tout prendre, le plus fort et le plus stable des amours que nous avons à vivre
Amour sans histoire, certes, mais si profond, si heureusement indifférent à la beauté des traits
Amour calme comme un grand lac.
Hors saison.
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Tu ne liras pas ces mots. Et cest bien ainsi : quoique nous fassions, et si éloigné puisses-tu être, ils demeurent là, murmurés entre nous.
En silence.
Je les dépose ici parce que leur bonheur, parfois, étouffe.
Parce quils désirent sinscrire, ici, ce soir, pour quelques heures
.
Parce que je crois (contre toute raison ?) que les mouvements du cur, si secrets soient-ils, pourvu quils en aient la force suffisante, sen vont, par delà les distances, tout près de ceux quon aime et les enveloppe de leur brume légère
..
Bonne année mon Fils
.
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Bonne année à toi aussi, lecteur de passage
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