Ils sont arrivé sur le site, caméra sur l'épaule, perche micro en moumoute et commentateur,
Ils ont franchi la frontière sans frayeur, mais avec quelques idées toutes faites
Le problème des idées toutes faites c'est qu'elles vous bouchent la vue et le cur!
Ils ont interrogé certains d'entre eux, et ont interprété à leurs sauce les vraies paroles qui sortaient des tripes de ceux qui vivent là, pour un temps, un instant ou une vie,
Ils ont confondue les êtres et les sentiments, d'une douce orange pressée ils en ont fait un jus de citron acide.
Ils vous parlent de composer les situations, mais les situations ils les survolent, il faut mieux montrer un de ces êtres étranges, bien maquillée parlant avec ardeur de son boulot, mais juste un ou deux mots pour parler de la bagarre immense et avec une perspective de réussite minime de victoire, avec les demandes d'aides auprès de la Maison Départementale des Personnes handicapées (MPDH), et même si on les obtient il reste une participation difficile à assumer avec juste l'AAH pour vivre, pour pouvoir avoir un minimum d'aide pour juste vivre avec une meilleur autonomie!!
Il ne parlent pas de ces vies fauchées en pleines jeunesse, brisées en mille morceaux.
Ils ne parlent pas de ces enfants au sourire permanent, qui vous font craquer avec leur regard d'anges, ils ont la pêche les gamins, ils n'ont jamais rien connu d'autre, il sont dans leur bulle, le problème c'est qu'ils sont souvent seuls dans cette bulle, démission des parents, de la famille et des amis, qui viennent les voir sans les regarder, une sorte de dénie dans le regard pensant que l'enfant ne perçoit pas cette peur de voir les choses en face, alors que l'enfant au contraire ressent tellement ce sens là est souvent fort développé.
Ils pensent que nous sommes dépossédés de nous même, foutaise, non au contraire nous avons cette force en nous qui nous fait nous mettre en avant et être pleinement ce que nous sommes.
Ils vous montrent une photo avec un garçon marchant dans des barres, en légende «certains paraplégiques font quelques pas» ils sont fort, pour sa chance ce garçon n'est pas para, ni même tétra, il est patient de traumatologie et marche à cette heure avec une seule béquille!
Ils disent que nous sommes dans un monde à part, vivant en vase clos à Kerpape!
Ils nous mettent à part comme les animaux du zoo, ils vont bientôt revenir avec des cacahuètes, comme le Glaude et le Bombé dans la soupe aux choux.
Ils disent que c'est extraordinaire on se retrouve même le soir autour de la cheminée, avec la guitare pour chanter, rire et jouer ensemble, gentils les handi ils savent même s'amuser, ca fait mal de lire cela, c'est paternaliste au plus haut point !!
Vous l'avez compris je n'adhère en aucun cas à cette article, ils ont vécu avec nous pendant cinq jours et n'ont rien compris, ils ont balancé un article qui n'en dit pas plus mais continu à véhiculer des fausses informations, des idées toutes faites et ont oublié de dire l'essentiel dans tout cela, c'est que chaque matin est un combat, chaque virage est un pas vers l'inconnu, une peur de chaque instant nous accompagne, tout le temps sur nos gardes et toujours dans l'espoir!!
Et oui Messieurs les journalistes, nous sommes humains, voir plus que vous et les handicapés ne sont pas vraiment ceux que l'on crois, les handicapés de la vie nous cernent de toutes parts!!
Désolée de vous avoir parlé de ce journal et de son article cela ne valait vraiment pas le coup, quoique je me dis au moins on en parle et tout cela grâce à un livre, une belle rencontre entre deux hommes qui a inspirée un film formidable «Intouchables», pourvu que cela dure, que cela fasse avancer les choses, changer les regards, améliorer les démarches et les aides, ouvrir grandes les portes à tous sans distinction, que chacun ai juste le droit de vivre comme l'autre avec ou sans handicap et surtout que se ne soit pas un soufflé qui retombe, oui vraiment c'est cela que j'espère à tous comme à chacun!!
Agnès, Kerpape, 2012
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