C'est fait. J'en rêvais. Je l'ai fait !
Nan je rigole
J'ai juste eu un coup de folie
Envie de me faire plaize
Je tournais en rond depuis des années dans cette chambre sobre et classique, aux murs blancs à peine égayés par quelques cadres et autres images tranquilles, éclairés eux-mêmes par des lampes précieuses aux lignes pures, et sur le sol irréprochable un tapis aux teintes beiges fondues dans les tons du carrelage, quelque chose de très simple en somme...
Je tournais en rond depuis des lustres dans mon grand lit tendu d'un boutis à fleurs plutôt romantique, que deux coussins carrés bien assortis agrémentaient bien sagement, tandis que la tête de lit superbe trônait impeccable plaquée contre la cloison, impériale à surveiller mon sommeil candide.
Sur la table de nuit, discrête et bienséante, un réveille-matin ordinaire, un livre, une statuette de bois .....
Soudain, un jour, me prit le besoin urgent de changer la vie ! Et cette pièce sans âme et endormie, m'apparut alors intolérable et ce lit au carré carrément m'insupporta !! Je décidais de bousculer les choses et de rompre la monotonie ambiante.
Foin de la vague d'émissions de décoration, de customisation et autres relookings ! M'élevant en faux contre l'institution Valérie Damidot et son Equipe, m'autoproclamant reine de ma chambre et ne concédant à personne le droit de choisir pour moi les goûts et les couleurs de mon alcôve sacrée, dénonçant la peinture taupe et les motifs improbables, ainsi que les rideaux noirs ou autres catalfalques, je décidais de revenir aux sources de ma propre inspiration ! La vraie, celle du fond de soi, l'éternelle, l'originelle.
C'est ainsi que ressurgirent ma vieille passion pour la couleur et le désordre, l'enchevêtrement baroque d'objets en tous genres, et de tableaux glanés ici ou là, sans autre conviction que le coup de foudre, l'amoncellement de coussins kitchissimes aux tissus composites, l'entassement de gravures, de photos et de phrases sublimes au fronton de mon lit, de colliers et parures suspendus en totem, de tentures rococco et autres bizarreries ressorties de mes coffres.
Remontés de la cave, descendus du grenier, mon passé, mes horreurs, mes erreurs, mes envies, tous ont repris place autour de mon lit, ronde folle de fantômes et d'espoirs, de sorcières et de fées, parchemin enrubanné et grimoires usés, statues de pierre blanche, ou de bois sombre, horloge dorée et galets lissés, veilleuse discrête et miroirs baroques, vases, pots, et boîtes à musique, murs repeints de lumière et encombrés, mon lit n'est plus seulement ce radeau qui dérive, mais un socle ancré dans ma réalité composite, faite de toutes pièces et au fil des années, puzzle encore et toujours à recomposer.
Ras-le-bol du Feng-shui et de l'ordre, du luxe, du calme et de trop de beauté, l'asepsie me renverse et m'écoeure, Marie Poppins me donne le tournis et le trop clean la nausée. J'ai besoin de
greniers, et de malles nomades, de tapis sous mes pieds et de parfums ambrés.
Valérie Damidot peut aller se rhabiller, je n'écoute que moi ! Je lui rends ses pinceaux, ses marteaux, ses enclumes !
Je remonte mes crayons, mes papiers, mes carnets, mes lectures. Et leur offre une place de choix, une place de roi, Virginia tu m'entends, tu me vois, regarde, c'est ma chambre !
Ma chambre, ma chambre à moi, c'est ma chambre privée, ma chambre fermée, ma chambre close, mon lupanar secret.
Mon Amant peut venir. Nous avons à parler. Nous avons à nous dire.
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