Dédé l'embrouille était un type pas catholique.
Il y allait à l'esbroufe et pas avec le dos de la cuillère. Plus c'était gros et plus ça le mettait en joie. Quand je le voyais gamberger le frangin, je me disais aïe, aïe, aïe, qu'on était mal barré et je voyais venir les emmerdes.
Le daron à qui on la faisait pas, l'avait tout de suite catalogué la première fois où il avait essayé de lui fourguer sa marchandise, une cargaison de cibiches qui valait pas un clou. « C'est vraiment un cave, un toquard », il l'avait envoyé au diable, l'avait fait déguerpir manu militari en lui conseillant de plus venir lui péter les roubignoles avec ses embrouilles.
Depuis, le Dédé, en vrai baltringue, il passait devant le troquet du paternel en loucedé sans s'arrêter.
Il courait toujours derrière le grisbi mais encore un qui l'avait jamais rattrapé et c'était pas faute d'avoir flirté avec l'interlope.
Le jour où il est venu nous annoncer qu'il avait enfin trouvé le filon, qu'il était dans les réseaux, on a tous ouvert des yeux grands comme des soucoupes. Avec des potes, il avait monté un truc dont on allait entendre parler, même que ça s'appelait « pointscommuns.com » et que ça servait à se rencontrer. J'ai cru que le père, il prenait une attaque, c'en est fallu de peu qu'il passe l'arme à gauche, l'a pas supporté que le frangin, il essaie encore de le rouler dans la farine.
Même que depuis ce jour, le Dédé, il a compris qu'il ne lui restait plus qu'à dire adieu à l'héritage.
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