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Maladie d'amour par NapoleonIV

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Madame, Veuillez par avance m'excuser de prendre un peu de votre temps. Voici belle lurette que je ne m'étais saisi de ma plume pour vous écrire une missive. À ce propos, vous souvenez-vous de notre discussion, autour d'Hippocrate et de sa théorie des quatre humeurs ? Vous me disiez souffrir de la bile noire et qu'un trop-plein de mélancolie vous envahissait régulièrement. Je m'avouais moi être plutôt malade de la bile jaune mais vous protestâtes alors vivement en affirmant qu' au contraire j'étais un parfait gai luron et non cette personne colérique que je prétendais être . Cependant, Madame, je dois vous confier que je suis plutôt enclin à souffrir de la lymphe, mal qui me pousse à une certaine lenteur et mollesse dans mes actes quotidiens ainsi qu'à fuir soigneusement les algarades. Ce que je vous écris ici, j'aurais du vous le dire ce matin, à mon réveil mais... de grâce, laissons de côté ces théories qui gaspillent votre temps précieux et venons-en aux faits. Cette nuit, alors que j'étais plongé dans un profond sommeil, une vision enchanteresse m'apparut. Une nymphe naturiste, ceinte d'une auréole de cheveux d'or, venait vers moi. Je ne pouvais encore distinguer son visage mais j'apercevais ses deux aréoles dardantes qui illuminaient son corps, tels deux phares perdus dans une mer de bourrelets de chair dont j'espérais être secrètement le rivage. Elle ressemblait à ces femmes des toiles de Jules Breton, ce peintre naturaliste dont nous avions admiré la beauté des oeuvres au cours de notre escapade à Quimper l'hiver dernier. Je reconnus alors vos traits quand, enfin cette déesse déposa sur mes lèvres un long baiser brûlant et sacré. C'est alors qu' une effrayante claironnade me tira de ma douce torpeur. Votre nez, bourré des miasmes générés par ces trop grandes froidures actuelles, avait cédé et vous vous mîtes à ronfler bruyamment, effaçant derechef ce doux tableau pour laisser place à une caricature digne de Daumier. Diantre, Madame, comment cela se peut-il que vous vous laissâtes à ce point aller ? Autrefois, toujours l'on trouvait une mousseline dissimulée dans votre corsage , prompte à parer à ce genre de mésaventures. Où est la Lise que je connus, cette délicate naïade évaporée ? Madame, Ma Lise, ressaisissez-vous que diable ! Il en va de notre survie. Votre cher et obligé Gai Luron.

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