Lettre aux européens,
Mesdames, Messieurs,
je me permets de m'adresser à vous dans l'espoir que vous comprendrez les raisons pour lesquelles nous nous révoltons depuis des mois.
Ne vous méprenez pas sur le sens que les médias de vos pays respectifs peuvent donner de nos actions, ne vous laisser pas enfermer dans une vision naturaliste qui consisterait à croire que les grecs sont naturellement tournées vers l'incapacité à gérer la société. Se sont des mensonges et cela fait belle lurette que les dirigeants des pays invoquent toutes sortes de raisons pour ne pas avoir à supporter le poids de leurs erreurs.
N'y voyez pas non plus de notre part, une façon déguisée de vouloir légitimer la violence, sans pour autant nous auréolé de la primeur de la démocratie, il indéniable que nous devons supporter le poids des transactions financières frauduleuses et des dettes injustes que nos dirigeants nous imposent. Et donc, il nous arrive parfois de perdre l'esprit de la non-violence pour laisser parler notre rage qui, à l'instar d'une personne bourré, ne parvient plus à trouver les mots justes pour décrire ses émotions et se laisse débordé par ses émotions.
Pour que vous compreniez parfaitement de quoi il en retourne, je vais vous faire part de ma situation.
Comme beaucoup de grecs, je me suis réveillé un matin avec la nette impression que le vingt-unième siècle commencerait sous les plus mauvais augures. Je suis le père d'une petite fille qui n'est plus capable de pouvoir lui offrir à manger convenablement.
Tous les matins, je met le masque d'un gai-luron, afin de faire oublier à ma petite fille le sentiment de faim qu'elle peut avoir. Avez-vous déjà vu un enfant qui a faim ? Avez-vous pu entendre les pleurs que celui-ci peux avoir de ne plus voir sa mère le consoler ? J'espère que vous ne le découvrirez jamais, vous perdez toute votre dignité, vous êtes comme un naturiste, nu, face au désespoir.
Ma femme nous a quitté la semaine dernière, et je peine à mentir à ma fille. Je lui raconte qu'elle est parti en voyage, pour tâcher de trouver, à l'étranger, le nécessaire pour soigner sa maladie. Elle souffrait de la maladie de Hodkkin, qui est une tumeur qui atteint la lymphe. Or, comme j'ai perdu mon emploi, comme je n'ai plus les moyens d'avoir une mutuelle, et comme la sécurité sociale dans notre pays n'est pas la même que dans d'autres (je pense notamment à la France qui a encore la chance, pour le moment, d'avoir un système de santé basé sur la solidarité) ma femme a mis fin à ses jours pour les maigres réserves d'argents que nous avons puisse permettre à ma fille et à moi-même de nous nourrir. je me plais à croire, que maintenant, elle est parmi les nymphes de notre mythologie et que de là elle veille sur notre fille.
Car la situation ne fait qu'empirer, les taxes ne cessent d'augmenter, et cet hiver à été particulièrement rigoureux. Avec mes économies, je n'ai même plus de quoi payer l'électricité, et les minima sociaux sont gelés pendant plusieurs semaines, parait-il car se serait de notre faute si nous ne travaillons pas.
Comme beaucoup nous sommes obligés de faire appel à notre famille. Imaginez-vous à plus de quarante ans, être obligés de demandé à ces parents de l'aide pour subvenir à ces besoins. Nous en sommes réduits à cela. Je n'ai plus que ma mère, mon père fait partie de ces nombreuses personnes qui disparaissaient pendant la dictature des généraux car elles avaient eu le toupet de critiquer le régime. Je ne l'ai jamais connu, je n'ai gardé de lui qu'une seule photographie que ma mère a pu cacher pendant une perquisition, il était un peut fort, et ma mère souriait en me disant que les bourrelets chez un homme sont plus beau à voir que les carrés de chocolat des militaires qui se pavanait dans les rues au pas de l'oie.
Seulement je n'ose pas lui demandé de l'aide, elle a un cancer du sein, je l'ai deviné, même si elle n'osa pas en parler en ma présence, en regardant subrepticement, hier, dans la salle de bain, lorsqu'elle sanglotait devant le miroir en touchant l'aréole de son sein qui avait gonflé. Elle n'a pas les moyens de se faire hospitaliser, elle ne touche plus que 150 de retraite, le gouvernement ayant décidé de diminuer encore plus leurs pensions.
Je ne sais pas comment je vais m'en sortir. Mais j'espère que vous autre européens ne serez pas comme vos dirigeants qui nous méprisent et qui veulent que nous payons leurs dettes.
Soyez vigilants, faites en sorte de pas vous réveillez un jour, comme nous, avec la "gueule de bois", soyez attentifs aux atteintes des droits de l'homme et ne croyez pas ceux qui stigmatisent une population par rapport à une autre.
Si la Grèce fut le berceau de la philosophie, l'universalité des valeurs humanistes ne connaît pas de frontière et n'a pas de patrie.
Mais restez éveillés, ne les laissez pas faire.
Et vous comprendrez pourquoi nous en sommes arrivés, aujourd'hui, à user de la violence dans nos manifestations.
Et vous comprendrez pourquoi nous faire tout notre possible pour que les dettes contractées ne soient pas payer par nous, à l'image de ce pays d'Amérique Latine qui a su faire passer la dette comme illégale.
Merci amis et amies européens pour m'avoir lu.
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