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Can They Start Again ? par NapoleonIV

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L'année prochaine , les Tindersticks fêteront vingt ans d'une carrière à l'image de leur musique, intimiste, discrète et pourtant essentielle. Vingt ans jalonnés de neuf albums aux mélopées intemporelles, jamais faciles ni tendance. En effet, lorsque dans les nineties, de tout jeunes groupes anglais se battaient pour avoir le titre de rois de la britpop et rêvaient de s'exporter aux Etats-Unis, groupes aussi éphémères et consistants qu'une promesse électorale, Tindersticks sortaient en 1993 et 1995, deux premiers albums éponymes (désormais appelés en toute simplicité 1st et 2nd) aux tonalités sombres et mélancoliques, portés par la voix caverneuse et pourtant si séduisante de leur leader Stuart A. Staples, à total contre-courant des british bluettes, sitôt écoutées, sitôt oubliées, sitôt remplacées. Ces deux albums, salués de manière unanime par la critique, générèrent un public d'aficionados qui continuent à suivre presque religieusement les errances créatives du groupe depuis presque deux décennies. "Quand on a dix-neuf ans, on finit toujours par faire ce dont on a envie. » disait Henry de Montherlant. Il faut croire le groupe britannique ait intégré cette maxime car pour leur dix-neuvième année de carrière, il nous offre un nouvel album, au titre quelque peu sibyllin " The Something Rain". En effet, jamais les Tindersticks ne semblent avoir été aussi libres et créatifs dans leur démarche musicale. À ce propos, Stuart A. Staples nous dit " Je pense [..] que nous avons atteint notre but, nous avons capturé quelque chose" * et on est prêt à le croire sur parole. L'album s'ouvre en effet sur un spoken word de neuf minutes " Chocolate", longue entrée en matière qui plonge doucement l'auditeur dans l'univers mélancolique et fièvreux de l'album. S'en suivent alors huit titres qui certes ne sont pas une rupture en soi avec le "style Tindersticks " (non, non, Tindersticks ne fait toujours pas de R' N ' B ou de la polyphonie corse, et on les en remercie) mais qui ne se laissent pas enfermer sous des étiquettes simplistes. Les titres proposent en effet un mélange d'ambiances servies par un large panel d'instruments. Touche soul et classieuse sur " Show Me Everything " ou sur les choeurs de " This Fire Of Autumn", groove cauchemardesque et poisseux sur " Frozen" , atmosphère enfantine et triste servie par la boîte à rythmes et le xylophone minimalistes en closure de l'album sur le titre " GoodBye Joe". "The Something Rain" a nécessité un an de maturation, de la part du groupe, dans le studio " Le Chien Chanceux" perdu dans la campagne creusoise où Stuart A. Staples s'est établi depuis plusieurs années déjà , en grand amoureux de la France et ses vins , studio construit par le chanteur lui-même pour son groupe, afin de produire seuls leurs albums, garantie de la plus grande liberté possible de création. Sur le clip "Medicine", titre extrait de ce nouvel album, on peut apercevoir ce studio, élégant bric-à brac d'instruments de musique, d'objets et de bouteilles de vin et ressentir comment le lieu a pu conditionner le processus de création de l'album. D'ailleurs, " The Something Rain", par analogie, se dégusterait comme un bon Corbières. Un mélange de la puissance fruitée d'une Syrah et de la note poivrée d'une Mourvèdre , reposant sur la touche plus souple et plus légère d'un Carignan. En 1999 , sur leur album "Simple Pleasure", Stuart et sa bande se demandaient " Can We Start Again ? " Yes, they can with " The Someting Rain". * Interview accordée à Magic - numéro 159- février 2012.

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