S'il y a quelque chose qui m'agace encore plus que me casser le nez sur la porte de toilettes déjà occupées, c'est d'être dérangé par quelqu'un qui essaye d'entrer dans les toilettes alors que j'y suis déjà.
Cet inconnu, dont je ressens immédiatement la déception, la sourde hostilité, vient de casser le doux sentiment de sécurité que ce lieu me donne toujours, le charme est rompu, je culpabilise et me dépêche de partir. Admettez que c'est agaçant.
Un autre aspect contrariant de la vie : j'ai toujours rêvé de former, en rejetant la fumée de ma cigarette, des cercles parfaits, comme savent le faire certains (mais pas moi, malgré une pratique intensive). J'y avais renoncé (il faut savoir renoncer, à un moment donné, à ses aspirations) quand, l'autre jour, un ami me crie que je viens d'en exhaler plusieurs, je ne m'en étais même pas aperçu, le temps que je lève les yeux, ils étaient partis (en fumée). Qui sait maintenant quand je serai capable d'en refaire d'autres ? C'est rageant, avouez.
Et aussi, quand j'étais jeune : c'était les années 60-70, j'adorais les gros seins, et bien c'était la mode des petits seins, Jane Birkin et tout ça. J'ai dû serrer contre mon coeur plus de planches à pain que de Jayne Mansfield girls. Et aujourd'hui que, parvenu, non sans peine, à l'âge mûr, je ne rêve plus, allez savoir pourquoi, que de petits seins, c'est l'explosion des gros seins. C'est décourageant, il faut le reconnaître.
La vie n'est qu'un entrelacs de forces contrariantes, un tissu de frustrations et de regrets, je tenais à le dire.
↧