"Mon père, ce héros au sourire si doux", cette phrase tirée du poème de Victor Hugo, dès que je la lis ou l'entend je vois les yeux mon Père, ses grands yeux marrons exprimant tant de détermination et de douceur, ses yeux dont il me fit cadeau, ses yeux qu'il ferma trop tôt.
Ils en avaient vu ces yeux, de toutes les couleurs du monde. Né un 30 mars de l'année 1918, fils d'un héros de la grande guerre et d'une grande dame, il fût l'aîné d'une famille de quatre enfants, trois garçons et une fille. Il vécu une enfance que bien d'autres lui enviraient. Né à Paris, il partit vers la Tchécoslovaquie où son père était nommé sur un poste diplomatique, il avait 6 ans et commença l'école là bas, son petit frère le numéro quatre naquit à Bratislava, à cette école lui qui parlait déjà anglais et français rajouta à sa culture le tchèque bien qu'il soit à l'école française, ils restèrent environ 6 ans là bas, et quand ils en partirent du haut de ses douze ans il avait ajouté l'allemand et l'espagnol, parlés couramment par ses parents, à sa palette linguistique.
Ce fût l'Indochine avec les découvertes les plus magnifiques, l'art culinaire et artistique si raffinés de l'Asie, il en profita pour se gorger de cette culture, de quelques dialectes, tant qu'à faire, et mon grand père réalisa de belles aquarelles. Restant quatre ans dans ce pays, ils partirent vers le Maroc à Oujda, et à Meknès où il passa son bac français puis à Marseille pour le Bac général, il avait 17 ans il obtenu ses diplômes avec mention et s'attaqua à une licence d'allemand, tout en préparant taupe (Math. Spé), bref je dois bien l'avouer mon Père était un érudit mais également un épicurien, aimant la vie avant tout et se gavant de toutes les cultures, les langues et les traditions.
3 septembre 1939 la France et l'Angleterre déclarent la Guerre à l'Allemagne, officier il fut incorporé sur les lignes de défenses au commandement d'une unité de chars, 17 juin 1940 Pétain demande l'armistice, Papa rejoint la Résistance. Son père Colonel à la retraite s'occupa de faire faire de fausses cartes d'identité aux juifs pour les faire passer de l'autre côté, mon père et ses camarades s'occupant de ces réseaux; entre temps il se maria, mais cela je vous l'ai déjà raconté.
L'année 1945 marqua la fin de cette guerre, et Papa prit part à la reconstruction du pays occupant différents postes dans différentes régions et tout cela en devenant père!
Il fût décoré de la croix de guerre au titre de la résistance et également de celle de la résistance juive, lui peu enclin aux décorations était fier de ces deux là, il pourrait être sur le mur des justes , mais pourquoi faire nous ses enfants nous savons ce qu'il a fait et nous l'avons transmis à nos enfants et eux mêmes aux leurs, c'est ainsi que la légende de ce grand homme se poursuit et se poursuivra de générations en générations.
Ajouté à tout cela mon Papa est mon "Héros", il m'a comblé de sa tendresse, moi sa petite dernière j'ai été entouré de son affection particulière et de son partage de sa haute connaissance, bien que ma culture atteint à peine un dixième de la sienne. Quand il nous quitta, la fêlure fût grande dans mon coeur et dans ma vie, mais je le sentais présent toujours à mes côtés dans mes joies et dans ma douleur.
Si j'écris ce commentaire sur mon Papa, c'est suite à une suggestion d'une amie d'ici, qui a lu une de mes réactions à un commentaire d'un autre ami, où je racontait outre la vue de mon père au milieu de mon coma accompagné de mon frère et qui tous deux m'ont repoussés vers la vie, tout comme je me souviens d'une parabole narrée dans mes cours de catéchisme et que j'ai mise à ma sauce.
Depuis plus de quatre ans je roule, et quand je regarde en arrière je vois sur le sable les traces des roues de mon fauteuil, des traces de lassitude et de manque de courage, mais peu après quand je me sens plus forte plus combative, je me retourne et je vois deux traces de pas, derrière celles laissées par mes roues, des empreintes de chaussures bien marquées, régulières et déterminées et là je reconnais le pas fier de mon Papa qui me pousse car il ne veut pas me voir abandonner la lutte!
Merci mon Papa Chéri d'être depuis toujours à mes côtés même au delà des apparences!
Je t'Aime!
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