Dernier jour choisi pour déambuler devant les uvres des artistes des groupes die Brucke et der Blau Beiter, dont je ne connaissais que vaguement le travail pictural.
L'exposition est ainsi conçue de juxtaposer les uvres des deux courants, pour en montrer les points de convergences , les disparités, et permettre de distinguer leurs approches respectives.
Je me suis amusée à retrouver les nombreuses influences d'artistes européens qui inévitablement se remarquent en peinture. Il ne va pas sans dire que tous ces peintres s'inspirent, se visitent, se répondent autour du siècle qu'ils traversent , les découvertes de leur temps .
L'entrée dans la modernité picturale, qu'ils annoncent comme d'autres ailleurs, est et restera sans doute un problème pour moi.
Je suis restée bloquée à cette période de figuration libre, sans avoir encore réussi à être séduite par l'abstraction, le constructivisme , le surréalisme ou même la peinture contemporaine.
Pourtant, j'en ai vu des peintures ; bien sur pas toutes, il y en a trop à voir, je n'aurais pas assez de ma vie pour tout connaitre . Mais jamais je n'ai ressenti la même force attractive que certaines uvres de cette période.
Peut être ai je été un jour simplement impressionnée par l'immensité des tableaux noirs de Soulages, de concevoir la nécessité d' une brosse ou d' un râteau d'un genre particulier pour créer ces larges trainées de faibles reliefs dans ces aplats noirs, l'imaginant dans un atelier immense, sa toile posée à même le sol. Comme quoi, regarder une uvre qui ne parle pas , me fait quand même voyager un peu vers l'homme.
Il va sans dire, qu'aborder une uvre moderne sous le seul angle pictural, sans connaitre la démarche de l'artiste, son cheminement, le contexte de son travail, peut me laisser étrangère d'un point de vue émotionnel, sensible . Sauf, à découvrir une figuration volontaire.
Là je retrouve pied et sens. Une telle uvre raconte une histoire qui m'est accessible.
Si nos ancêtres pratiquant l'art pariétal avaient peint ou sculpté les parois en inventant l'abstraction, alors je peux m'amuser à penser que les grottes regorgent de signes de leur présence que nous sommes bien incapables de voir.
Mais tant mieux pour moi, savoir qu'un animal prend sens à être vu, cela me fait tout de même plaisir.
Ainsi, de cette période début du siècle, heurtée, d' industrialisation et de violence avant guerre , naitra une représentation de force expressive, venant de l'intérieur, déformant volontairement les traits, insistant sur l'angoisse et le trouble du temps traversé .
Munch et Van Gogh précurseurs, les fauves , lexpressionnisme est né. Tout ce que j'aime.
Emile Nolde, peu représenté, (jespérais en voir davantage) hormis de magnifiques toiles de jardins pleines de couleurs "criantes", car sa touche les cingle comme une pluie de grêle, ou un ciel annonçant l'orage, "nuages se rassemblant" , sombre, traversé d'un pourpre violet inhabituel , évoque l'écrasement au spectateur tant la ligne d'horizon est basse, presque rase , sur ces deux masures brunes dont la façade est une lumière rouge .
Mais il n'y avait pas que ça.
Il y avait Kandinsky. Et là , je restais dubitative. D'accord. Ok. C'est une expression qui veut mener l'homme vers la spiritualité. Une recherche théorique de la part du peintre, qu'il a réellement mené. Serai je donc imperméable à la spiritualité ? Il faut tout envisager, même cela ! J'avais devant moi la première uvre reconnue abstraite. Mais elle ne m'atteignait pas. De quel bois suis je donc faite ?
Je n'ai pas insisté. Je ne connais pas la vie de cet homme, je ne peux pas comprendre ce qui le motive. Je n'ai pas lu ses traités.
Mais la curiosité peut sans doute m'amener à repousser cette indifférence au moins jusquà la compréhension, si ce n'est l'émotion.
Je sais que ce qui me parle, ce qui réveille une excitation intérieure, l'évidence de savoir que c'est là que se trouve ce que je cherche , c'est ce jeu que certains peintres
font de la couleur , de sa vibration, pour renforcer une émotion à travers une histoire picturale, pour saisir une lumière, pour donner une atmosphère . Que ne dois je aux Delaunay, peintres de l'abstraction , d'avoir nourri mes cours de Couleur du lycée , de m''avoir révélée celle ci , sa dimension émotionnelle ou spatiale.
Mais des cercles concentriques de belles couleurs, n'ont jamais remplacé la force évocatrice d'un regard tendu vers le spectateur ou d'un paysage . Cette part où l'homme reste sujet de son récit et donne aussi a reconnaitre son monde .
Ces 12 derniers mois, entre Van Dongen, les deux expos consacrées à Munch , la peinture Espagnole, la fin 19ème et le début 20ème étaient largement honorés. Ce qui pour moi fut jubilatoire, c'est cette appropriation et valorisation de la couleur, source d'expression, à cette période de notre histoire .
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