Cette métamorphose ..
L'hiver cultivait encore ses derniers frimas, enveloppant la campagne de son châle cristallin, à l'Auberge du Lion d'Or, le feu crépitait, l'âtre profond emplissait de ses ténèbres l'alcôve secrète et sauvage , cette musique de nuit à laquelle goûtait le poète, l'incompris par ses chemins égarés dans cette contrée lointaine , donnait encore plus de vigueur à l'écriture de Sagesse...
Le poète s'enivrait de cette chaleur , celle à laquelle, par ces journées obscures à flâner dans la cité toute proche de Rethel, à y enseigner des syllabes aux consonnes liées, son auditoire clairsemé de cette jeunesse d'un au - delà parisien, où les ragots allaient et vont encore bon train, et dont la signification des mots ne faisait qu'à peine l'effleurer... faisait illusion... la verve du professeur, du chantre des mots , lui importait peu... l'abîme entre eux et lui se signait...
Le poète s'en retournait , à pas lents, apprivoiser son jardin, celui de Bourgogne, hélas son entrain n'y était guère reluisant , mais le bruit des pas se conjuguait à celui des mots , et sur le parchemin de la vie il s'écoulait cette verve , si longtemps retenue, que personne ne pouvait en deviner la quintessence , la liberté de l'âme s'enivrait et se paraît de cette harmonie mystérieuse...
Il s'en allait à Voncq, où les pierres ont caressé les pas des troubadours de jadis et de toujours, où l'homme aux semelles de vent s'en fut pour un dernier voyage.. où Vitalie essuya à peine quelques larmes, et où je puis encore et toujours m'envelopper de ce voile arachnéen , embrasser l'espace et le temps, effeuiller ces sentes diffuses dont le cheminement nous emporte vers ces lieux où le sublime nous ensorcelle ... nos lèvres goûtent à cette liqueur sauvage avec laquelle le parnassien en faisait son élixir de jouvence...
Oui ces routes , ces sentes respirent ce parfum suranné , ce parfum de tiède moiteur, dont s'éprennent les murs mal calfeutrés afin que l'âme du poète demeure à jamais..
JPS
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