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BUK 1994 par Jeannot71

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Hier au soir, assis devant la télévision, et regardant ce visage à nul autre pareil , ce visage cabossé comme un vieux tank , Et pleurant comme un gosse sur le cadavre de son père, Je me disais que plus rien ne serait pareil désormais. Que grâce et humour disparaissaient de nos vies Petit à petit, comme les derniers papillons Ou la neige en hiver Et que l’époque ressemblait de plus en plus à ce fil de soie qu’un vent glacial bouscule jusqu’à l’épuisement, Jusqu’à la rupture. Buk tu manques à cette vie. ton RIRE manque Ta FOLIE nous manque, Ta poésie débridée comme une claque superbe envoyée au destin Avait cette magie des possibles, Cette magie de faire jaillir le feu partout, Et de dire mieux que n’importe qui la beauté unique de cette putain édentée Qui cligne de l’œil sur le tabouret d’un bar sordide , au fin fond de West avenue, Un soir de demi déche. Un endroit hors du temps Comme un citronnier planté en plein désert Comme un jeune chiot frétillant sous la pluie chaude d’un été finissant Comme des torrents de boue et de lave mêlés se jetant dans la mer Comme la première lueur du jour sur une plage dévastée Tes livres représentaient tout ça pour nous Et tant d’autres choses encore. Tu étais comme ce dieu des mythologies nordiques brandissant son marteau pour pulvériser les têtes molles Rien ne te plaisait du spectacle des hommes Des larmes sortaient parfois de tes yeux quand tu avais trop bu Et tu disais qu’avec l’age on devenait plus sensible. Au fond, ceux qui t’ont détesté n’ont rien compris Tu ressemblais bien à ces vieux chiens qui ont tant combattu Tant aimé Tant souffert Que les Dieux les portent en des rivages perdus ou personne n’accoste. Tu restes unique à mes yeux. Tu as su dire en quelques mots simples la vérité de toute vie : Croire en soi , et s’acharner contre le bon sens, les lieux communs, l’ambition, la course à tout posséder. Tu avais raison bien sur. Il faut braver la multitude Et disparaître sous un torrent de mots Sans se soucier des autres, Et sans un bruit. Comme un voleur presque. Oui, comme un putain de voleur dans une putain de nuit. Et c’est bien dommage tout ça. Pas vrai mec ?

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