Éric B : Eh bien. Bienvenu dans notre nouvelle émission : ON NARRETE PAS LECHO. Lécho, ce nest pas LÉcho des savanes que je lisais autrefois quand je nétais pas encore réactionnaire. Non, cest lÉcho des affaires et du bon sens. Et nous sommes là, entre amis, pour dire tout le mal que nous pensons de lannonce de François Hollande qui nest pas frappée au coin du bon sens et qui serait tout à fait délétère pour les affaires si elle était appliquée. François dO, on ne vous présente plus.
François dO : Vous êtes gentil, Éric. Et vous avez raison. Les Français applaudissent à limpôt quand il est payé par un autre. Or un contribuable sur deux ne paie pas dimpôt sur le revenu. Les Français sont donc toujours hostiles à toute hausse de la TVA quils paient, et toujours favorables à la hausse des tranches supérieures de limpôt sur le revenu, du barème de lISF ou des plus-values dès lors quils ne les paient pas. On peut leur opposer des arguments rationnels et de bon sens. Nest-ce pas Olivier ?
Olivier D : Tout à fait, François. Cette mesure que les esprits sensés comme François Fillon trouvent « imbécile », mais qui fait mouche : taxer les gros revenus, à partir de un million deuros, à 75 % ! Une proposition approuvée par une majorité délecteurs : peu de gens se sentent concernés par des montants qui, comparés à un revenu médian de 2 400 euros par mois, peuvent sembler astronomiques.
François dO : Hélas. En France, le discours anti riches relève de lidéologie de la lutte des classes et de la mythologie révolutionnaire avec ses préjugés et ses invectives. Et ça marche, même sur une opinion surinformée.
Olivier D : Cest tout à fait malheureux, en effet. Les gens ne comprennent rien à léconomie. Presque personne ne se rend compte que le candidat socialiste est incapable de formuler un idéal dans lequel les Français pourraient se reconnaître, il préfère flatter la jalousie, la rancur, la volonté de revanche de la part de victimes de la crise qui cherchent un coupable. Il ne sait que renforcer les Français dans leur préjugé hérité de la Révolution de 1789 selon lequel les inégalités sont toujours le résultat dune injustice, jamais la récompense dun talent créateur de richesses pour le pays. Il y a certes des rentiers, qui nont dailleurs pas forcément démérité. Regardez mon père.
François dO : Mais votre père est aussi un entrepreneur, même si votre grand père était le fondateur génial. Sur quel argument François Hollande sest-il fondé pour annoncer son super-impôt ? Sur la hausse de 34 % que les dirigeants du Cac 40 se seraient accordée sur leurs rémunérations de 2010. La source de cette information est-elle fiable ? En réalité, elle mélange salaire, rémunération variable et valeur des stock-options. Là où les salaires nont pas bougé, ce sont les rémunérations variables qui ont augmenté en raison de la hausse des bénéfices des sociétés cette année-là par rapport à lannée précédente, qui était un exercice de crise. Les patrons ne se sont donc pas augmentés de manière indécente cest leur rémunération variable dont ils ne sont pas maîtres qui a progressé. Qui le dit ? Même le patronat français, tétanisé à lidée de venir au secours des grands patrons, alors quil sagissait de redresser les erreurs et dexpliquer les chiffres, est resté discret. Il faut être président de la Ligue ou dun club de football pour être audible.
Éric B : Hélas !« La richesse fascine ceux qui en sont privés. Elle est tout à la fois objet de désir et de ressentiment, modèle de réussite et symbole dinjustice », résume le journaliste économique Thierry Pech dans son dernier ouvrage, le Temps des riches (Seuil).
Olivier D : Il est légitime de parler de confiscation. Cest tout lencadrement de nos entreprises qui se trouve menacé par cette volonté de nivellement. Et toute la compétitivité de notre appareil productif qui serait ainsi compromise, non seulement par un coût trop élevé de la main-duvre non qualifiée mais aussi par limpossibilité de rémunérer en France à sa juste valeur la main-duvre hyper qualifiée. Du bouclier fiscal tant critiqué, nous passerions ainsi sans transition au boulet fiscal pour tous ceux qui ont le grand tort de se distinguer par leurs qualités exceptionnelles. Sans doute nest-il pas dans lair du temps de parler de mérite, de talents et de récompenses financières.
Éric B : Mais il est de gauche, ce Thierry Pech. Moi aussi, je suis né dans une famille de gauche, mais je nen suis sorti ; Dieu merci.
François dO : Ah moi, je nai jamais été de gauche, Dieu men garde. Je suis né dans une famille de droite. Je nai jamais été un extrémiste. Je nai jamais été à Occident. Jai collaboré à Défense de lOccident de Maurice Bardèche Je ne suis pas un ancien combattant, et je suis journaliste depuis quarante ans. Jétais pour lAlgérie française, certes. Mais tout ce que je peux dire, cest que de Gaulle avait raison. Cest pourquoi je défends Nicolas Sarkozy. On la, sans relâche, traité, de fol, de machine à fric ou de sale type. Et quand, récemment, il a annoncé son retrait de la vie politique, ses détracteurs de gauche lont comparé au sinistre Jospin. Mais il y avait de la grandeur gaullienne dans cette annonce. Le général avait su dramatiser ainsi le referendum de 69.
Guillaume R : Hou là, François, la comparaison est osée. Le général voulait partir en beauté. Cest pourquoi il avait posé deux questions aux Français, dont une, la réforme du Sénat, dont il savait quelle provoquerait une opposition majoritaire.
François dO : Ah, taisez-vous, Guillaume. Il faut savoir ce que lon veut. Il ne faut pas hésiter à marteler des affirmations. Ainsi, je répète : François Hollande mélange salaire, rémunération variable et valeur des stock-options (très important cette distinction trinitaire empruntée à Schumpeter : le manager est en droit dêtre rétribué de différentes façons que
le droit a instaurées. La loi a bien permis lintéressement et la participation, et même les actions gratuites ou préfentielles pour les employés
euh normaux
Donc, je répète : ce sont les rémunérations variables qui ont augmenté en raison de la hausse des bénéfices des sociétés cette année-là par rapport à lannée précédente, qui était un exercice de crise. Les patrons ne se sont donc pas augmentés de manière indécente cest leur rémunération variable dont ils ne sont pas maîtres qui a progressé.
Éric B : Jaime bien quand vous parlez comme ça.
François dO : Et je continue pour développer ce que disait Olivier : François Hollande nest ni Saint-Just ni Robespierre. Il a voulu frapper en transformant Nicolas Sarkozy, président du peuple, en président des riches. Une méthode déjà utilisée avec succès à deux reprises par François Mitterrand. En 1981, celui-ci avait attaqué au canon les accapareurs, les châteaux, et à travers eux, Giscard, lhomme des diamants. Cette affaire, une plaquette de diamants de 1 ou 2 carats offerts par un potentat africain, Bokassa, avait éclaté dix-huit mois avant la présidentielle. Giscard avait traité cette histoire par le mépris. Mais le mot diamant, reconnaîtra-t-il, était « magique ». Cela devait défigurer son image. Un poison que Mitterrand sut habilement utiliser pendant sa campagne. Les diamants de Sarkozy, cest cette soirée du Fouquets organisée par sa femme (Cécilia) pour sa victoire avec des célébrités et des grands patrons. Un autre poison que Hollande sert dans chacun de ses discours.
Éric B : Voilà comment il faut parler. Il ne faut pas hésiter devant un peu de daudace et de mauvaise foi. On narrête pas Sarko. Dailleurs, il remonte dans les sondages.
François dO : Mais nous savons, vous et moi, que ses chances sont minces cependant et que nous ne pourrons sans doute pas éviter lalternance. Ce sont les inconvénients de la démocratie. Mais comme le disait mon professeur de droit constitutionnel : « en dépit des inquiétudes, souvent légitimes, mais combien de fois exagérées, que la question a suscitées dans les classes dominantes de presque tous les pays, le capitalisme doit être démocratique, parce quil ne peut rien être dautre. » Donc, si nous ne parvenons à faire réélire Nicolas, il nous faut lui permettre une défaite honorable. Le petit gros ne perd rien pour attendre. Nous nallons pas hésiter à le traiter de bolchevik pendant cinq sil est élu, même sil est fort aimable par ailleurs. Et avec laide des marchés, nous reviendrons aux affaires, peut-être même avant cinq ans. Et si ce nest pas avec Copé ou Fillon, ou même Juppé, ce sera avec Monsieur Bayrou
ou avec Madame Le Pen qui est bien méritante. La gauche aura, une fois de plus, pris le pouvoir par effraction, mais nous saurons la démettre ou la soumettre. La droite est déjà en pleine reconstruction et même Nicolas sen apercevra sil est réélu. Il ne pourra pas rééditer une bêtise comme louverture.
Éric B : Et je vais voter pour lui sans complexe. Reprenez vos esprits, Guillaume ! François ne vous a pas convaincu ? Enfin, je veux dire : pas François Hollande (rire).
Guillaume R : Oui, bien sûr, je voterai pour lui
Même si je ne souscris pas à ces mesures sur les exilés fiscaux
Éric B : Mais cest pour la galerie ! Un peu de démagogie est nécessaire en démocratie. Bon. Cette émission de débat est terminée. A demain, chers auditeurs.
Ce dialogue est totalement imaginaire. Toute ressemblance avec des inepties proférées par membres du service de propagande serait fortuite.
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