Souvenir dun dégingandé qui tournoyait comme sil était seul au monde...
Il dansait lair éperdu, la tête renversée vers les nuages. Il exécutait des demi-tours à léquilibre précaire, puis passait saluer sa jolie dame en virevoltant du couvre-chef.
Les moineaux, plus étonnés du tout de son manège, venaient se poser sur ses bras, branches noueuses et interminables. Lui se figeait alors, béat en cet instant suspendu.
Il avait été pourfendeur, colporteur, dévoreur de mots....Sa folie douce teintait à présent les alentours.
Il disait « je préfère lentre-deux quand lentre-soi nest plus possible ! »
Il écartait les prétendants indésirables dune vocifération rauque...se faisait gardien de nuit pour le jour, malheureux éconduit quand la nuit ne le laissait plus sapprocher.
Ce Lancelot solitaire dansait, dansait, le désespoir au cur et le cur sur la main, sous lil amusé ou inquiet des passants.
Depuis son départ, sa muse est restée de marbre, et ne démord pas de sa silhouette esseulée.
Les regards qui se croisent ici espèrent une apparition impromptue de lui, ou la venue dun nouvel insensé convaincu darracher un sourire ou une larme à la belle de pierre.
↧