Une trentaine dheures, trois centaines de cartouches et un huitième mort. Par sa faute, il navait plus beaucoup de chance. Il avait pourtant la possibilité de la rédemption, de la pacification, de la justice, du procès. De la vie et de lexplication. Il a préféré le presque suicide au risque de tuer et encore tuer dautres personnes. Seulement des blessures, heureusement. Il a cherché à fuir.
À son actif, ou plutôt, à son cruel passif, sept vies humaines, sept précieuses vies qui ne demandaient rien et qui ne voulaient que sépanouir encore un peu plus. Trois enfants, quatre à sept ans, détruits, explosés à la tête à bout portant, quatre adultes, de vingt-quatre à trente ans, émancipés aussi de leur courte existence.
Émotion mais pas toujours sans arrière-pensée pour ceux qui, dans un mois, vont concourir. Mauvaise foi, récupération, réflexion saine, solidarité, indifférence
comme dans la vie, tout se retrouve sur les rayonnages de loffre publique.
Il y a pourtant une chose qui me choque. On réagit comme on veut, comme on doit, comme on peut. On joue le grave, on joue le pacificateur, on joue le triste, lému, labsent.
Mais comment peut-on arrêter la campagne ? Pourquoi arrêter la campagne ? Pourquoi un fait divers doit-il mettre en péril deux siècles de croissance démocratique ? Pourquoi un seul homme peut-il mettre si bas un pays si uni ? Et ne susciterait-il pas dautres vocations pour un autre dégénéré qui voudrait sentir, lui aussi, sa toute puissance ?
La palme ne revient pas aux responsables publics, peut-être à lexception dune certaine candidate qui a diamétralement changé son fusil dépaule en fonction de la connaissance du profil du tueur peut-être pas si fou que ça. Tueur qui se régalait de voir de scènes de décapitation. Une sorte de masturbation morbide et sadique.
La palme de la honte revient bien sûr aux médias, aux télévisions dinformations, à tous ces croque-la-mort du scoop qui sébranlent, qui se mobilisent, qui se réjouissent davoir enfin quelque chose qui sorte de la routine. Cest vrai que les révolutions arabes, Fukushima, DSK, cétait génial pour eux, cela leur faisait audience et redressait leur visibilité. Ils sentaient revivre.
Les corps sont froids, sous terre. Les proches continuent à pleurer. Continueront encore longtemps à pleurer. Lherbe va repousser. La campagne va reprendre. Les autres vont oublier.
Imad, Abel, Mohamed, Jonathan, Myriam, Arieh et Gabriel,
De là-haut, soufflez un peu de paix et de concorde sur mon si beau pays
NB : Le titre provient de la qualification par le procureur de Paris (François Molins) dans sa conférence de presse du 21 mars 2012. Le lendemain, dans une autre conférence de presse, il reconnaît qu'il ne parle pas anglais et il parle de Seine au lieu de Garonne. Personne ne l'a corrigé. À sa décharge, il n'a pas dû dormir beaucoup depuis trois jours...
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