Il y a les années davant, celles de lenfance, inconsolables, aux couleurs indéfinissables.
Au cours des années daprès, après avoir erré sur beaucoup de chemins, vous rencontrez quelqu'un qui vous convient et vous rejoint. Il est là, près de vous. Vous marchez côte à côte.
Vous formez ce quon appelle un couple. Les autres vous regardent ainsi : comme un couple. Dans leur regard vous êtes devenu deux. Indissociables. A force dêtre devenu deux vous ne savez plus très bien où vous êtes, vous, ce quest devenu ce que vous étiez.
Et puis viennent les enfants. La lumière se fait plus intense. Il y a cette joie-là, surgie de vous, qui dure et se prolonge indéfiniment.
Parfois ensuite, plus tard, vous ressentez de la lassitude aux choses, lautre vous aide à vous relever. Vous lui en êtes reconnaissante. Puis il se lasse à son tour. Vous devenez transparente, alors vous vous recroquevillez sur vous-même. Le désir disparait.
Vous vivez encore côte à côte, mais lentement vous vous éloignez dans votre tête, dans votre cur. Vous vous perdez. Ce nest pas grave. Vous vous dites que cest normal. Que cest ainsi. On est toujours seul. On vous la dit. Répété. Les autres ne peuvent rien pour vous.
Chacun poursuit son chemin, personne ne peut jamais vous aimer assez pour vous prendre inlassablement dans les bras.
Il y a les années davant, et soudain surgit le présent dans toute sa lumière dété.
Cela commence avec une douce chaleur au plus profond de soi, une douceur quon avait oubliée, quon croit reconnaitre laurait-on éprouvée il y a très longtemps ?
Mais quand ? On ne veut pas sen souvenir.
Puis la douceur gagne tout le corps, comme une vague, votre corps se sait soudain vivant.
Le désir est revenu, il vous submerge, il vous emporte. Il ny a plus rien à comprendre.
Le désir est là, dans le ventre, sur les lèvres, dans la tête qui rêve dimages pures et incandescentes, sur la peau qui se fait douce et qui frémit, dans la bouche, qui veut se presser contre l'autre visage, contre l'autre bouche, contre l'autre main ?
Prends-moi dans tes bras, prends-moi dans tes bras.
La joie en moi, brûlante. Larmes aux yeux. La vie n'est plus un rêve. Tu mas réveillée. Un coup dans la tête, un coup dans le ventre. C'est violent et cest doux.
En pensée, je suis déjà à toi, je sens ton regard qui m'enveloppe.
Tu te livres, tu mécoutes, tu me réponds, tu es là, tu es de plus en plus proche.
Je taccueille et je te suis, et lorsque je te précède, cest toi qui me suis.
Tu me rassures, tu me soutiens. Je suis là pour toi.
Je ne sais pas si tu maimes.
La réponse est entre les lignes...peut-être...
Tu me combles, cest tout ce que je sais.
Jai peur de me tromper, encore.
Enfin, tu es vraiment là.
Instant réel et irréel à la fois. Je ne vois que tes yeux, que ton sourire. Je baisse les yeux, intimidée, éblouie. Tu entres chez moi, tu es là, jai du mal à y croire. Je relève les yeux, tu me regardes. Jentends à peine ta voix très basse et très douce qui me dit bonjour. Nous ne nous embrassons pas. Ma main frôle ton bras. Tout commence là, vraiment. Tu prends ma main et il ny a plus rien dautre au monde que cet instant et les battements de mon cur dans le silence qui semblent faire un bruit assourdissant. Sans un mot tu caresses ma joue. Je ferme les yeux. Ta main sur ma joue, très vite je ne sais plus où elle est, je la ressens partout sur mon corps, et au-dedans aussi. Je ne sais plus où je suis, où tu es, si nous sommes loin lun de lautre ou déjà ensemble, déjà étreints. Tu me prends par la main. Je me penche vers toi, je pose mes lèvres sur ton cou, je respire ton odeur. Tu me serres dans tes bras. Le temps semble sarrêter. Je te regarde, je lis dans tes yeux ce à quoi tu penses, ce à quoi je pense aussi. Nous sourions. Nous savons tous les deux que nous avons envie de la même chose, être juste un homme et une femme qui vont faire lamour pour la première fois ensemble et qui veulent oublier le reste du monde.
(à suivre)
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