Cà et là quelques fleurs, dun beau bleu violent,
Aurores, chutes, coups, éclipses, larme sèche,
Jai vu dans ses grands yeux de feuilles, le relent
De nêtre plus quune ombre, un fleuve qui sassèche.
Etranges papillons, sur sa peau, lasse et triste,
Songes, amers ruisseaux des caniveaux profonds,
Fiel des regards haineux des soirs où lon sattriste,
Silence ! Ecoutez-les, ces rires aux plafonds.
Hivers daméthystes, ces pas prestes et sourds
Sur le pavé, ces cris, ces crissements, le verre
Entre les gens, les mains froides et les doigts gourds
Des jours qui traînent, las et que le temps resserre.
Jai vu dans ses cheveux locre soyeux des arbres,
Que lautomne rugueux, brise, chasse, corrompt
Et dans son regard dur battre les feux des marbres,
Aux croix des carrefours, la vie sinterrompt.
Elle avait la blancheur diaphane, le teint
Blême, sale des mots que tous bas, on prononce
Misère, pauvreté - la flamme qui séteint
Luit, scintille, tremble, vacille puis renonce.
A présent, elle dort sous un morne, découpe
Les cartons, nen fait plus des lits, mais, confettis,
Jette les uns dans leau, les toilettes, la soupe
Et les autres dessous près des rêves blottis.
«La terre s'ouvre vieille à qui crève la faim» - Aumône Stéphane Mallarmé
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