Tu as été le premier à dire « je taime », moi je nosais pas. Pas encore.
Jaurais voulu arrêter le temps, figer les images, verrouiller les certitudes.
Javançais, éblouie, telle une funambule sur la crête entre rêve et réalité.
Désir et amour était pour moi indissociables. Comme une évidence.
Tu me disais :
« Quelques instants de solitude. Jen profite pour venir voir mon courrier. Et je trouve ton mot. Moi aussi j'aimerais tellement pouvoir te voir. Tu me manques. Jai envie de te serrer dans mes bras, pouvoir t'embrasser, te caresser, être couché contre toi et sentir ton corps m'envahir.
Dès que je suis seul plus longtemps, tu as ma parole, on se verra.
Je t'aime. Tout à toi. »
Tu me disais :
«Tu me manques aussi, j'attends septembre avec impatience pour pouvoir te serrer dans mes bras et pouvoir te faire l'amour et t'embrasser partout. Je ne t'ai pas attendue hier soir puisque tu me disais que c'était impossible. On se rattrapera bientôt et je te promets d'être encore plus tendre.
Mille baisers.
Nous nous retrouvions et cétait à chaque fois la première fois.
La première fois, aussi, que tout de suite après, tu nas pas répondu à mon message, ni au second les jours suivants.
Jai été étonnée, sans plus. Je nosais pas insister, te mettre dans lembarras.
Jimaginais le pire pour toi, cétait un supplice.
Et puis tu as refait surface, comme si de rien nétait, disant que tu avais été très occupé
Première craquelure devant ta désinvolture. Japprenais.
On se revoyait, nous avions peu de temps, je voulais comprendre, tu disais « no comment », je me taisais.
Petit à petit, cette histoire, unique à mes yeux, a pris une drôle de vitesse de croisière, c'est-à-dire des rencontres hâtives, suivies de périodes interminables dabsence totale de signe, à plusieurs reprises.
Jaurais dû me souvenir que ce silence avait déjà provoqué en moi un état de doute, de perte de confiance.
Jai commencé à refaire le chemin à lenvers, je me suis demandé où je métais trompée, où javais été aveuglée.
Et si
Et si lamour, pour toi, nétait que dans les mots, ne disais-tu pas je taime comme tu aurais dit jaime le soleil ou un bon vin.
Le soleil et le vin ne seront pas bouleversés par ces mots, rien ne changera pour eux.
Jai repensé au Petit Prince qui disait « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. »
Jai découvert que cétait des idées de princesse attardée.
Il ma fallu beaucoup de temps pour me poser des questions, pour me remettre en question.
Pour me dire que certaines personnes, hommes ou femmes, naiment que dans les mots, parce que, sans doute, lidée est jolie, ou parce que pour elles il ny a pas de différence entre simple désir et amour.
Quand on ne supporte pas quune femme se comporte comme je lai fait, incapable de patienter, jusquà ce quon soit disposé à lui faire une place dans sa tour divoire.
Quand on ne la croit pas si elle vous dit que ce silence la tue à petit feu.
Quand on commence à être effrayé par ce quon aimait chez elle, une femme du genre à rouler à 200 à lheure, à brûler les feux et les étapes, à aller au plus pressé, droit au but, à dire quil ny a plus de temps à perdre, que la vie qui reste est trop courte.
Quand on se bouche les oreilles quand elle crie quelle souffre de tout ce temps perdu, rempli de vide, de non-amour, de non-vie. Ce temps perdu à se demander si ce silence durera un jour, une semaine, un mois ou toujours,
Quand cela arrive et continue, il est grand temps de tout arrêter avant de se déchirer et de se perdre.
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