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Ombre et lumière (suite ) par Misty44

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Tu as été le premier à dire « je t’aime », moi je n’osais pas. Pas encore. J’aurais voulu arrêter le temps, figer les images, verrouiller les certitudes. J’avançais, éblouie, telle une funambule sur la crête entre rêve et réalité. Désir et amour était pour moi indissociables. Comme une évidence. Tu me disais : « Quelques instants de solitude. J’en profite pour venir voir mon courrier. Et je trouve ton mot. Moi aussi j'aimerais tellement pouvoir te voir. Tu me manques. J’ai envie de te serrer dans mes bras, pouvoir t'embrasser, te caresser, être couché contre toi et sentir ton corps m'envahir. Dès que je suis seul plus longtemps, tu as ma parole, on se verra. Je t'aime. Tout à toi. » Tu me disais : …«Tu me manques aussi, j'attends septembre avec impatience pour pouvoir te serrer dans mes bras et pouvoir te faire l'amour et t'embrasser partout. Je ne t'ai pas attendue hier soir puisque tu me disais que c'était impossible. On se rattrapera bientôt et je te promets d'être encore plus tendre. Mille baisers. Nous nous retrouvions et c’était à chaque fois la première fois. La première fois, aussi, que tout de suite après, tu n’as pas répondu à mon message, ni au second les jours suivants. J’ai été étonnée, sans plus. Je n’osais pas insister, te mettre dans l’embarras. J’imaginais le pire pour toi, c’était un supplice. Et puis tu as refait surface, comme si de rien n’était, disant que tu avais été très occupé… Première craquelure devant ta désinvolture. J’apprenais. On se revoyait, nous avions peu de temps, je voulais comprendre, tu disais « no comment », je me taisais. Petit à petit, cette histoire, unique à mes yeux, a pris une drôle de vitesse de croisière, c'est-à-dire des rencontres hâtives, suivies de périodes interminables d’absence totale de signe, à plusieurs reprises. J’aurais dû me souvenir que ce silence avait déjà provoqué en moi un état de doute, de perte de confiance. J’ai commencé à refaire le chemin à l’envers, je me suis demandé où je m’étais trompée, où j’avais été aveuglée. Et si… Et si l’amour, pour toi, n’était que dans les mots, ne disais-tu pas je t’aime comme tu aurais dit j’aime le soleil ou un bon vin. Le soleil et le vin ne seront pas bouleversés par ces mots, rien ne changera pour eux. J’ai repensé au Petit Prince qui disait « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » J’ai découvert que c’était des idées de princesse attardée. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me poser des questions, pour me remettre en question. Pour me dire que certaines personnes, hommes ou femmes, n’aiment que dans les mots, parce que, sans doute, l’idée est jolie, ou parce que pour elles il n’y a pas de différence entre simple désir et amour. Quand on ne supporte pas qu’une femme se comporte comme je l’ai fait, incapable de patienter, jusqu’à ce qu’on soit disposé à lui faire une place dans sa tour d’ivoire. Quand on ne la croit pas si elle vous dit que ce silence la tue à petit feu. Quand on commence à être effrayé par ce qu’on aimait chez elle, une femme du genre à rouler à 200 à l’heure, à brûler les feux et les étapes, à aller au plus pressé, droit au but, à dire qu’il n’y a plus de temps à perdre, que la vie qui reste est trop courte. Quand on se bouche les oreilles quand elle crie qu’elle souffre de tout ce temps perdu, rempli de vide, de non-amour, de non-vie. Ce temps perdu à se demander si ce silence durera un jour, une semaine, un mois ou toujours, Quand cela arrive et continue, il est grand temps de tout arrêter avant de se déchirer et de se perdre.

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