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Grandeurs et décadences par Jules Félix

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Ce mercredi après-midi, à New York, se tient la première audience pour le procès civil de l’affaire du Sofitel. Le Sofitel… Vous vous rappelez ? C’était le 14 mai 2011. Il y a si longtemps. Le futur Président se retrouvait menotté et emmené comme un sauvageon en prison à New York juste avant de prendre son vol pour aller à Paris. Une forme de tourisme comme une autre. C’était d’ailleurs probablement juste après le sommet où il se rendait qu’il allait démissionner et annoncer sa candidature qui allait enfin tourner au triomphe, lui qui attendait ce moment depuis le 21 avril 2002. Tout le monde était prêt, les réseaux, les médias, les grandes entreprises. Ils attendaient juste de coup d’envoi. Et puis, l’épisode Sofitel a tout cassé. Tout soufflé. Pourtant, il en est ressorti sauf. Ni prison, ni condamnation. Rien du tout. Aucune preuve. Juste celle d’avoir souillé une employée de l’hôtel, mais sans aucune preuve formelle que ce fût un viol. Parole contre parole. Aujourd’hui, donc, bizarrerie de la justice américaine, puisque le pénal n’a rien voulu savoir, c’est le civil qui prend le relais. Le prévenu ne risque plus la prison mais seulement une forte somme à payer. En raison de ses liens conjugaux, la note pourrait être très salée puisque c’est en fonction de son niveau de vie. Mais rien ne dit qu’il sera condamné. Au contraire, les avocats vont lutter avec acharnement pour rappeler aux juges l’article six, section vingt et une, de la convention sur les privilèges et immunités des institutions spécialisées de l’Organisation des nations unies signée en 1947. Pour faire rimer immunité avec impunité. Pourtant, entre temps, il s’est passé plein de choses. D’abord, sur le plan présidentiel, le futur Président est devenu un ex-futur Président. Au début, il a eu les soutiens de ses amis, avec des mots parfois scandaleux, comme "troussage de soubrette". Ses laudateurs savaient cependant que c’était cuit, question élection. On ne se remet pas d’une telle aventure. Mais le Sofitel a amorcé des réactions nucléaires à la chaîne. Est ressortie la petite Tristane qui avait bien du mal à se faire entendre. Là encore, il en est ressorti tout blanc. Au pire, c’est périmé. Au mieux, il ne s’est rien passé. Très difficile limite. Les spectateurs sont là, incrédules. Parole contre parole. On a même voulu chercher des histoires au remplaçant, Flamby, car la Tristane s’était confiée à lui à l’époque et il ne s’en souvenait plus. La critique était mince et n’a pas fait long feu. Là aussi, il avait encore quelques soutiens. Ceux-ci imaginaient encore quelques plans. Matignon. Ou Bercy. Enfin, quelque chose pour servir encore. Sa renommée internationale, ses compétences économiques… Le coup de grâce, ce fut le Carlton. Un bel hôtel de luxe à Lille, près de sa copine Titine. Là, les plus fidèles des zélateurs sont partis. Ont fui. Dispersés. Définitivement. Contacts rompus. Plus question de se compromettre quand on va conquérir le pouvoir. De locomotive pour devenir ministre, il est devenu repoussoir. Ce n’est pas nouveau, il y a déjà eu quelques cas semblables dans l’histoire de la République. Même Clemenceau. Mais c’était Clemenceau ! Et puis, ce n’était pas sessuel. Car là, c’est du gros morceau. Lundi 26 mars 2012, il a été mis en examen par trois juges de Lille pour « proxénétisme aggravé en bande organisée ». Ce n’est pas là-bas, aux States, non, c’est ici, en France. Il a payé une caution de cent mille euros et il n’a pas le droit de parler à la presse ni aux autres personnes impliquées dans l’affaire. C’est grave. Sa famille politique a des sueurs froides : imaginez qu’il fût son candidat ! C’est du lourd, proxénétisme aggravé en bande organisé. Son avocat (très connu et très cher) semble l’enfoncer sans le vouloir : « Certes [il] a eu un certain nombre de soirées avec des femmes, des soirées libertines avec des amies et des femmes qui étaient des amies de ses amis. (…) On réprime une forme de délit de luxure. Ce qu’on lui reproche, c’est son comportement libertin ». En gros, ça baisouille à tout va. C’est reconnu par l’intéressé. Pauvre Anne. Pourtant, de l’autre bord, il y a aussi un truc qui fait pas mal de bruit. Et là, c’est même plus grave, car il y a un candidat dans la course. Il y a prison, pas seulement mise en examen. L’ancien "gestionnaire de fortune" (j’adore l’expression) de la plus riche de nos héritières est en prison à Gradignan depuis vendredi 23 mars 2012. Il sera peut-être libéré à l’issue d’une audience de la cour d’appel de Bordeaux demain, jeudi 29 mars 2012 à quatorze heures. Ou pas. Que reproche-t-on au gestionnaire ? Il a été mis en examen pour « abus de faiblesse et abus de biens sociaux ». En gros, il s’est servi du gâtisme de la Liliane « en situation de vulnérabilité » pour le bénéfice de tiers. Une première mise en examen avait eu lieu le 15 décembre 2011. Et quels tiers ? On ne le sait pas encore. Enfin, presque pas. Selon deux journaux, le juge Gentil (qui n’est donc pas gentil avec son ordonnance du 22 mars, c’est facile mais j’aime bien la facilité) soupçonnerait le gestionnaire d’avoir participé au rapatriement de Suisse de quatre millions d’euros en liquide en sept fois du 5 février 2007 au 7 décembre 2009. C’est le problème des dates. Le premier rapatriement de quatre cent mille euros a eu lieu deux jours avant une entrevue entre le gestionnaire et le trésorier du parti majoritaire, ancien sous-ministre et futur ministre du budget quelques semaines plus tard. Selon l’ancienne comptable, il aurait été question de lui remettre de l’argent. Le deuxième rapatriement de quatre cent mille euros aussi a eu lieu le 26 avril 2007, entre les deux tours de la précédente élection présidentielle. Selon le journal intime de l’amant de Liliane, elle lui aurait dit : le gestionnaire « m’a dit que S avait encore demandé de l’argent. J’ai dit oui ». Des témoins, selon le juge, aurait attesté de la visite de S au domicile de Liliane pendant cette période. À l’époque, Dédé, son mari, ancien ministre, était encore vivant. C’était lui qui décidait, en fait. De là à soupçonner un candidat important actuellement en lice (peut-être futur ex-Président) d’avoir récupéré du pognon pour financer sa campagne de la fois d’avant, franchement, vous croyez que ça va avoir des conséquences avant trois semaines et demi ? Épisodes précédents : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=96770 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=98909 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=99024 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=101365

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