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Le cinéma vraiment pour tous ! par Sablaise1

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J’ai vécu hier vendredi une journée passionnante grâce à une invitation de minimee pour le festival de cinéma « Un autre regard » inscrit par elle dans l’agenda de PCC . L’idée de ces rencontres autour du cinéma et du handicap m’a séduite doublement, parce que je suis cinéphile et intéressée par tout ce qui se fait pour rendre la vie plus belle pour tous. Je n’ai pas regretté mon déplacement et je vais essayer de vous faire partager un peu cette très riche journée. Arrivée en avance pour la projection hors compétition du film « Rumba », j’ai été surprise de voir que toutes les séances étaient gratuites pendant les trois jours du festival ce qui étend l’accessibilité, au-delà du handicap, à toutes les personnes à faibles ressources. J’ai pu observer la qualité de l’accueil pour les personnes à mobilité réduite et le matériel mis à disposition pour les déficients sensoriels. Tous les films du festival sont en audio description et des casques sont mis à la disposition des malvoyants. Je me suis installée dans la salle au milieu d’un public nombreux. Des personnes en fauteuil, ce qui est habituel au cinéma, mais aussi d'autres avec des cannes blanches et même un chien accompagnateur qui restera sage durant la projection. Des groupes de malentendants très bavards de tous âges discutant avec animation et une rapidité époustouflante par signes pendant l’attente du film. Côté valides, des scolaires avec leur professeur et de nombreux spectateurs "ordinaires" comme moi. Le film s’est fait attendre car Roselyne Bachelot devait assister à la projection et son train avait été retardé. Elle a fini par arriver et la projection de « Rumba » a commencé. Les malvoyants ont mis leur casque et pour les malentendants il y avait à la fois des sous-titres pour les dialogues et des petites phrases inscrites en rouge lorsqu’il n’y avait pas de dialogues afin que rien ne leur échappe genre « un réveil sonne », « la sonnerie s’arrête », « musique très rythmée », « mélodie triste »… En ce qui concerne le film lui-même, je l’ai beaucoup aimé. C’est l’histoire de deux instituteurs fans de danse latino qui remportent coupe sur coupe dans les concours locaux et qui se retrouvent à la suite d’un accident de voiture amputés, elle de sa jambe et lui de sa mémoire. Par la grâce des réalisateurs ce qui aurait pu faire un mauvais mélo devient une irrésistible comédie déjantée bourrée de poésie et de tendresse, un régal. Côté accessibilité je n’étais pas au bout de mes surprises car le film était suivi d’un débat avec un des réalisateurs. Ce débat était traduit au fur et à mesure en langue des signes mais ce qui m’a stupéfaite, c’est de voir les propos des différents intervenants défiler écrits sur l’écran quasi instantanément, avec des fautes nombreuses se corrigeant à toute vitesse. J’ai cherché à identifier dans la salle un système ou un technicien à l’origine de cette prouesse mais je n’ai rien vu. Je suis donc allée m’informer à l’issue de la séance et j’ai appris qu’il s’agissait d’une transcription instantanée de la parole faite via internet par une entreprise spécialisée en région parisienne, Tadéo. Si j’ai bien compris les micros sont équipés de telle façon que les propos sont retranscrits instantanément par une reconnaissance vocale et un opérateur en sténotypie, spécialement entraîné à la vitesse, les corrige au fur et à mesure. Je suis retournée m’installer dans la salle pour la projection des cinq courts métrages en compétition. Tout un groupe de personnes est venu s’installer à mes côtés, devant et derrière moi, ils étaient malentendants. Prise dans le tir croisé de leurs discussions par signes, j’ai expérimenté la sensation inhabituelle d'être une personne différente et minoritaire... Les courts métrages étaient tous de qualité et se sont poursuivis par un débat avec un réalisateur norvégien et la comédienne Anémone. Je voulais voir un troisième film en soirée mais le retard s’était accentué, on conçoit facilement qu’une organisation aussi complexe ne soit pas facile à gérer, et j’ai préféré rentrer. Je vais souvent au cinéma en compagnie mais cette fois tout ceux à qui j'avais proposé la sortie avaient décliné ma proposition dès que j’avais évoqué le thème du handicap…peur que ce soit triste, peur d’être mal à l’aise, peur de s’ennuyer… Moi, je vous le dis, j’ai vécu là une journée passionnante sur laquelle ne planait aucun soupçon de tristesse. Il y avait beaucoup de joie dans l’air, la joie de personnes pouvant profiter d’un cinéma de qualité dans un environnement convivial et adapté à leurs problèmes. Je pense que cette journée aura des retombées parce que j’ai vu dans la salle l’adjoint aux affaires culturelles de ma ville qui organise une semaine art et essai chaque mois et je pense que cela lui aura donné des idées pour organiser des séances accessibles à tous. Je vais d’ailleurs envoyer un courrier en mairie pour appuyer cette idée. Chapeau à l’association organisatrice, l’association Retour d’image, et par solidarité de pccistes plus particulièrement à minimee ! Minimee je l’ai brièvement rencontrée, le temps de me faire connaître, de lui faire la bise, de lui dire que j’appréciais ma journée et que j’allais en faire un commentaire. Etant une des responsables de la manifestation, elle était visiblement très prise. Et puis c’est une journée à marquer d’une pierre blanche. Jusqu’ici on ne m’avait proposé à PCC que des rencontres lointaines mais celle-ci se tenait à une demi-heure de mon domicile. Il se trouve donc que minimee est la première personne de PCC que je rencontre réellement et que j’ai enfin la certitude, un an et demi après mon inscription à PCC, qu’il y a bien des personnes véritables derrière les pseudos !

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