Il y a chez Joachim Trier le norvégien quelque chose d'Apichatpong Weerasethakul le thaïlandais et de Kim Ki DuK le coréen. Avec Oslo, 31 aout, il se place sur la même parallèle d'un cinéma doux, subtil et délicat, où rien ne heurte mais tout emporte. La mise en scène d'un pessimisme gracieux rend le sentiment amoureux éclatant, parce à la fois omniprésent et insolvable. Au point de faire pâlir la précédente adaptation du Feu follet par Louis Malle.
Le récit, qui sétale sur la dernière journée d'été, rappelle l'heure de gloire des film de la nouvelle vague par son rythme, son unité temporelle et ses conversations autour d'un verre. Cette journée étirée, presque infini, annonce la fin d'un cycle qui ne laisse pas le moindre doute sur son dénouement. Pourtant, une des forces du film est de nous faire oublier que l'on sait comment ça va se terminer.
Joachim Trier nous ouvre un regard sensible sur le monde à travers le décalage singulier de son personnage principal. Ce jeune homme, ancien toxicomane remplit d'un vide mélancolique, se retrouve incapable d'accepter l'amitié et l'affection de ses proches ou la considération d'un potentiel employeur. On croit deviner l'origine de ce décalage par l'absence flagrante de sa famille et de son ancien amour, tous deux souvent évoqués mais constamment fuyant.
Aucune explication ne sera donnée, on se contentera d'embarquer pour une journée en suspension à ressentir un pessimisme à luvre. Beau et berçant, comme la magistrale scène centrale qui déplie dans l'espace d'un café l'universalité quotidienne de ses occupants à travers le prisme du jeune homme.
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