Chère,
Tu sais si bien, très bien ce qui fut entre-nous : je veux te dire tout ça qui a bien fait de n'être plus que ce pâté de mots, ces mots qui nous avaient donné un début d'amitié, pourtant. Je veux te dire merci , tant pour l'obole de nos rendez-vous manqués que pour ces regards tristes et vains qui peuplaient notre lieu . Il-y-a des années que nous ne voyons plus le même monde , plus le même jour, plus le même rêve .
L'obscène plaisanterie que tu me laisses en viatique pour le grand nulle part de ma vie, le petit geste concupiscent qui disait tout de toi, ce petit rire pincé qu'entre nous tu conserves par devers toi quand tu me croises , si peu, sur nos routes d'ambulances, tout ça, je le savais dès avant que notre pauvre histoire n'eût commencée .
Je suis conscient de n'être rien .
J'étais, oui, conscient bien sûr que tout ça qui était ta vie, tes privilèges d'appartenance sociale et tes amis, ton milieu comme le mien, il nous les fallut chevaucher, ce maudit cholagogue ne te laissera pas de l'oublier ! Prière d'insérer dans mon parcours l'insénescence qui m'est si particulière que tu me la reproches depuis le début par ta petite phrase : " vous avez quel âge ? "
Le rêve de la pêcheuse demeurant notre seul fantasme commun, étant né féminin dans mon corps d'homme, souffre que les mixions de sa pratique ne m'aient jamais rendu amère notre si peu de vie commune, l'irrumation n'étant chez moi aucunement une nature, même très seconde, certes, tu comprendras que je ne goûte pas les mêmes joies, fussent-elles de nature irréfragable, que toi en matière de sexe .
Tes seins, petite crapule, ont su cependant toujours élever par degrés ma joie de vivre, tout autant que ces accents impétueux qui pimentaient ces lèvres faussement naïves mais véritablement suggestives que je remarquai lors de notre première rencontre, alors que, pour toi, j'avais l'impression exotique et peu flatteuse d'apparaître une sorte d'Alien gentil mais décallé en nos tristesses respectives .
Dès le début, tu as su admirablement prendre la tangente: cette fuite belle et tranquille, emplie de féminité assumée, cérébrale, ténue et dense m'avait hameçonné d'emblée . Le second rendez-vous tint ses promesse, tant tu sus admirablement me tenir en barreau de chaise pendant une bonne heure, avant la fuite de ma pauvre âme dans les transports en commun.
Eh, oui ! Il fallut te mériter, chose que je ne souhaiterait pas à mon meilleur ennemi, si mauvais poëte soit-il !
Ah, ces ferveurs, ces dévotions, ces attentes religieuses m'ont tant fait frôler les joies dangereuses de l'épectase que j'en demeure tout remué, à mon âge... J'eusse, oui, tant aimé mourir par dedans toi ! Il suffit, fi de ma tachycardie et fi des fraternelles agapes cérébro-spineuses et pseudo-pinéales, tout est dit : je te hais, casse-toi pauvre conne ! J'en ai plein les urnes de ta suffisance, y compris celle qui domine ton rêve !
Pardonne donc, chère, ces méchancetés simples mais vraies que tu sus mériter: veuille considérer, qu'elles sont à la mesure de la garce incomparable que tu es, que tu fus et que tu seras à mes yeux et mes humeurs égales pour toujours . Ma grand-mère m'avait su prévenir depuis l'enfance : " mon petit, il est plus de cons que de femmes dans la nature ! " Pardonne-moi d'en déserter la cohorte ... oui, j'eusse aimé sucer d'avantage le privilège de ton épine particulière, mais il faut bien une fin à tout, même aux choses comme toi les meilleures.
Sache en effet que dans la vie, les épines ont du bon et du profitable à qui apprend le jardinage, même si j'en suis d'accord, sur l'usage des fleur et de leur langue, avec le poète :
"Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : Je vous offre des roses." (Victor Hugo)
L
↧