Deux brouillés à la sauce américaine par Sablaise1

Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d’un cinquième étage et qui vous disent « je vous offre des roses »…toi tu m’offres des roses et je me sens exactement comme si j’avais reçu un pot de fleurs sur la tête. Quelle idée, mais quelle idée, alors que nous nous adressons à peine la parole depuis quatorze ans de me faire livrer un bouquet et d’y insérer une lettre qui ressemble à une déclaration ! Tu te demandes comment tout cela a pu arriver, comme si tu étais la victime innocente d’une catastrophe. Puisque tu n’en sembles pas conscient, je te rappelle que tu as mis le paquet pour que cela arrive et que j’ai longtemps fermé les yeux sur ta fâcheuse tendance à chevaucher les unes et les autres. Mais un jour il y a eu l’irrumation en trop, celle qui restera à la postérité, et bien que je me prénomme Hillary cela ne m’a pas fait rire. Pour la première fois une de tes aventures durait et tu ne pouvais plus te passer de ta stagiaire préférée dont la jeunesse te semblait le gage de ta propre insénescence. Moi je prenais mon mal en patience et j’ingurgitais anxiolytiques et cholagogues pour ne pas me faire trop de bile en attendant que cette Monica ne trouve plus aucun charme à tes tempes argentées et t’oublie dans les bras d’un garçon de son âge. C’est alors que le scandale a éclaté. Tu n’imagines pas ce que j’ai pu ressentir en voyant la presse obscène se déchaîner contre mon époux concupiscent. Tu ne mesures pas à quel point j’ai été déçue par ton comportement lamentable, par tes mensonges ridicules suivis d’aveux qui l’étaient tout autant. Sans parler de ton incroyable pingrerie qui n’a pas permis de faire taire cette fille puisque tu ne lui proposais qu’une misérable obole. Bill, tu m’as beaucoup fait souffrir. J’ai accepté que nous ne divorcions pas pour Chelsea et pour ne pas compromettre ma carrière. Nos relations sont courtoises mais il n’est pas question qu’elles redeviennent intimes, une lettre et quelques fleurs n’y feront rien. Tu dois admettre le caractère irréfragable de ma décision: même si pour le monde entier tu es toujours mon mari, pour moi tu ne seras jamais plus qu’un ex.