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i m p r é v u par E i d e r

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Sur le boulevard métropole, l’après midi est agité Agité de voitures et de passants pressés Pressés de vivre et d’en finir Finir avec la journée ? Rebecca marche d’un pas assuré vers la terrasse mi-ombragée Elle s’approche d’une table ronde en métal Elle choisit une chaise Elle accroche son sac au dossier de la chaise. Elle s’assied et croise les jambes, s’accoude un instant Elle se réajuste, pince des lèvres, passe la main dans ses cheveux Elle regarde devant elle et voit s’approcher le garçon du café Le garçon du café lui demande et pour vous ce sera quoi Elle fait non de la tête, doucement, très doucement Elle cligne des yeux à cause du soleil juillet Elle lui dit qu’elle a le temps et lui désigne sa montre Elle lui désigne le ciel Elle lui dit qu'aujourd'hui il fait beau. Le garçon du café plonge ses yeux dans le décolleté de Rebecca. Rebecca sourit. Il porte ensuite le regard vers le ciel Il baisse la tête, regarde ses pieds puis relève la tête Il repart d’un pas nerveux vers le comptoir, se retourne sur lui-même Il s’accoude alors au comptoir et rigole bruyamment sans raison Il se caresse le menton et dis ouais ouais... Pendant ce temps-là le ciel s’obscurcit lentement Un à un des cumulus cumulent sur la lumière. Rebecca saisit son sac, en sort lentement un bloc de papier Elle attrape un crayon rangé dans la poche arrière du sac Elle s’en saisit comme d’une arme. Rebecca incline la tête et écrit sur le papier Elle écrit qu’elle est venue attendre ou plutôt qu’ Elle est venue ne pas atttendre et que pour Elle c’est la meilleure façon de ne rien attendre. Elle est assise, penchée sur son bloc de papier, pour Rebecca plus rien d’autre n’existe que son bloc de papier Rien d’autre n’existe que la non attente. L’écriture. Pendant ce temps –là deux à deux les gouttes de pluie tombent Des éclairs zèbrent le ciel de loin d’abord Le tonnerre se rapprochant ensuite. Rebecca reste assise sur la terrasse, sous la pluie, sous le vent. Tout son corps est immobile, ne bougent que ses yeux et sa main Qui gratte sur le papier. Bientôt trempé. Pendant ce temps-là le déluge a élu domicile dans les rues. Anton doit traverser la ville afin de déposer des livres chez Shakespeare & Cie Il marche recroquevillé sur son paquet de livres, avance difficilement Porte une main en visière au devant de ses yeux Tandis que l’autre main reste crispée sur les livres. Anton se met un instant à l’abri sous l’enseigne d’un grand magasin mais Il est pressé, relève son col et repart sous la pluie et saute dans les flaques d’eau. Il arrive à proximité du café et pensif, songe à un bon café chaud malgré le temps qui le presse. Il s’arrête devant la terrasse. Il s’approche. Ote son chapeau dégoulinant. Rebecca est assise là face à lui. Elle écrit. Rebecca pose son crayon sur la table. Elle lève les yeux vers Anton. Elle lui sourit, rit presque. Anton regarde les yeux de Rebecca. Ils sont chatoyants. Il lui sourit, rit presque. Rebecca regarde les yeux d’Anton. Ils sont chatoyants. La pluie a cessé. La rencontre a commencé.

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