Nous avons tous l’œil au beurre noir par Jules Félix

Grosse frayeur dans la soirée du dimanche 1er avril 2012. Ce n’était pas un poisson d’avril mais un plongeon et un évanouissement. La candidate écolo Eva Joly s’est cassée la figure en descendant un escalier et a brièvement perdu connaissance. Une journée d’hôpital et déjà plein de questions sur la suite des événements. En effet, si un candidat à l’élection présidentielle se retrouve empêché, il est possible de repousser la date de l’élection. C’est un peu normal, afin de parfaire l’égalité de moyens. Cependant, cela peut aussi être un astucieux stratagème pour faire durer encore un peu plus longtemps les choses (l’opinion publique évoluant dans un sens et pas dans un autre). Inquiétude inutile puisque la candidate est sortie de l’hôpital dès le lundi après-midi. Cette dame de soixante-huit ans était restée surtout pour faire plein d’examens médicaux pour vérifier que tout allait bien. Bon, c’est vrai, ça arrive. Cela donne cependant une petite mauvaise image de manque de dynamisme et de vieillesse, mais a contrario, elle peut aussi rattraper des électeurs émus par ce petit accident. Compassion. On aurait presque pu penser que la phrase de Dany retenue (parmi d’autres) pour le prix de l’humour politique 2012 était prémonitoire. Il lui avait dit en effet : « Si tu te retires, ça crée un vide. Si tu continues, tu tombes dans le vide » ! (Puisqu’on y est, deux autres phrases entre autres sont aussi dans la course du prix de l'humour politique. Jack Lang : « Je ne voulais pas être parachuté d’en haut » et le porte-flingue de Flamby, Bernard Cazeneuve : « L’heure d’été aura surtout cet avantage : c’est une heure de moins de Nicolas Sarkozy »). Dès mercredi 4 avril, elle était donc à son meeting prévu de longue date à Nantes. Pas mal de monde donc. Et là, elle a commencé avec humour, ne pouvant faire autrement, se moquant un peu d’elle-même et surtout… portant des lunettes de soleil très foncées pour ne pas montrer ses énormes bleus qu’elle a attrapés pendant sa chute. Ce que j’ai trouvé de bien, c’est la solidarité de ses camarades de campagne à la fin du meeting. En effet, Dominique Voynet (ancienne candidate) et Cécile Duflot (future candidate) sont venues la rejoindre et elles aussi portaient des lunettes noires, par solidarité et clins d’œil. Cela faisait un peu show business. C’est le genre d’humour bon enfant qui manque tant à cette campagne assez violente verbalement et assez vide de sens. Sur France 2 le 11 avril 2012, elle a montré que non seulement elle avait de l'humour mais en plus, qu'elle avait le sens de la formule qui atteint son but : « Je suis coincée entre la gauche molle qui ne promet rien et la gauche folle qui promet tout » même si parfois, elle est un peu trop dans l'utopie déconnectée de la réalité quotidienne de bien de ses concitoyens : « Nous devons habiter près de là où nous travaillons ». Épisode précédent : http://www.pointscommuns.com/eva-joly-commentaire-lecture-100874.html