Parcours Irkoutsk-Moscou avec le Transsibérien : le trajet Tomsk-Nijni Novgorod (B )-1er jour.
La ville de Tomsk séveille en douceur pendant que nous bouclons nos valises. Jouvre la fenêtre de la chambre, histoire dabsorber une bouffée dair frais. Il fait beau ! A 400 m, dans lavenue Lenina, un tramway - à moitié vide - passe en ferraillant , couvrant le ronronnement des moteurs des quelques voitures qui circulent
Nous nous apprêtons à prendre un taxi pour nous rendre à la gare.
- Samedi 31 mars 2012 10h15
Le taxi qui nous attend dans la rue est une Logan. Ce véhicule ne correspond pas à notre demande faite tôt dans la matinée et qui spécifiait de réserver au moins un break, compte tenu du volume nécessaire pour caser toutes nos affaires. Il faut donc sadapter à la situation car il est trop tard pour commander un 2ème véhicule! Nous navons pas dautre choix que de prendre une partie des bagages sur nos genoux. Enfin, pour faire 2 ,5 km cest jouable !
Le chauffeur du taxi, un vieux Monsieur très jovial, nous montre en passant un grand bâtiment en nous précisant que cest lancien KGB, transformé - depuis la chute du communisme pour partie en bureaux réservés aux fonctionnaires du FSB et pour lautre en Musée de lOppression. Dehors, le thermomètre indique + 7°C ; lannonce dun Printemps bien précoce pour cette région
En arrivant à la gare, nous nous dirigeons directement vers le quai de départ. Avant de repartir dIrkoutsk, le 28 mars, nous avons dû acheter des billets de 1ère classe car la réservation affichait complet en 2ème classe. A 10h40, notre train le N°037 « Tomsk-Moscou » - entre à lheure en gare. Nous montons à bord pour nous préparer à effectuer notre plus grand trajet en train :3150 km exactement. Je profite du temps de stationnement pour aller me dégourdir un peu les jambes. Sur le quai, des voyageurs, ralentis dans leur déplacement par leurs lourds bagages, cherchent leurs places
Sur le Transsibérien, les trains sont généralement très longs : 16 à 18 voitures, en particulier ceux qui font la traversée complète de la Russie, de Vladivostok à Moscou, soit 9289 km. Trois policiers discutent devant le train. Ils vont faire une partie du voyage à bord. Je ne les reverrai dailleurs quen gare de Novossibirsk, lorsquils descendront sur le quai, sans doute arrivés à la fin de leur service
Alors que je me trouve à proximité de la locomotive avec mon appareil photo, lun des mécaniciens, qui procède à la vérification des essieux de bogie, propose de me photographier.. Je lui indique que je viens du Baïkal et que je repars en France. Il me prend en photo devant lengin qui va tracter notre train puis me salue en souriant, avant de repartir vers la machine !
Le train sébranle à 11h20. Nous repartons vers la petite ville Taïga, point de correspondance sur la ligne du Transsibérien. Arrivés dans cette gare, nous prenons quelques voyageurs et, après un changement de locomotive, notre convoi repart à 13h30.
Le paysage qui défile na guère changé : de vastes plaines enneigées et, de part et dautre de la voie ferrée, des bouleaux aux branchages effilés et légers. Ces arbres ont inspiré quelques peintres et je pense aux belles aquarelles dhiver dOlivia Quintin avec ses bouleaux dénudés qui semblent pleurer le printemps.
A 17h10, notre train arrive à Novossibirsk (km.3336). La taille du bâtiment constituant la gare est monumentale. Cest dailleurs la plus grande gare de la ligne du Transsibérien. Je descends sur le quai pour aller acheter de leau minérale puis je me dirige vers une grande passerelle métallique qui enjambe toutes les voies et les quais sur lesquels déambulent de nombreux voyageurs. A côté, une vaste gare de triage où des dizaines de convois de marchandises stationnent ou attendent le signal de départ. Un train de voyageurs entre sur la voie la plus proche de la nôtre. Daprès le panneau daffichage, il sagit du train N° 076 en provenance de Moscou et à destination de Khabarovsk. Quelques voyageurs en descendent tandis que dautres se dirigent vers les prodovitsynas pour présenter leurs billets avant de monter à bord.
Au bout dune quarantaine de minutes, le train repart. Un bruit sourd attire notre attention : nous franchissons lOb par un long pont métallique. A cet endroit, ce fleuve a une largeur denviron 1 km. Il forme avec lIrtych, que nous traverserons plus loin (vers Omsk), le plus long bassin hydrographique de Russie : 5410 km. Pierre nous propose de regarder les photos quil a faites à Irkoutsk et à Tomsk, ainsi que les petites séquences filmées durant notre séjour sur le lac Baïkal. Nous apprécions de pouvoir revoir toutes ces images qui constituent de précieux souvenirs. Nous en profitons pour trinquer en vidant une bouteille de vodka achetée à Irkoutsk. Je ne vous dévoilerai pas sa contenance ! Tout juste assez pour nous échauffer un peu les esprits et pour pouvoir enchaîner avec le repas du soir : une soupe, préparée avec leau chaude du samovar, du fromage et du pain achetés sur le quai de la gare de Novossibirsk, accompagnés dune bouteille de vin dénichée chez un marchand de spiritueux de Tomsk.
Je vais faire quelques pas dans le couloir. Dehors, les poteaux défilent plus vite et les formes se confondent au fur et à mesure que le ciel se laisse envahir par lobscurité.
Le train ralentit puis marque un arrêt. Nous sommes en gare de Barabinsk. Je regarde la pendule : il est 21h26 et le thermomètre indique 3°C. Changement de locomotive. Sur le quai, faiblement éclairé par quelques lampadaires, des femmes se dirigent vers notre train avec des sacs remplis de plats cuisinés. Une babouchka me propose du poisson fumé. Difficile davaler ce qui ressemble à une truite et encore plus de lemporter dans le compartiment ! Peu de temps après le départ, je vais minstaller dans ma couchette et je me laisse bercer par le roulement du train
- Dimanche 1er avril 2012 5h00
Je suis réveillé par un bébé qui pleure dans le compartiment dà côté. Jessaye de me rendormir en menroulant dans mes draps
Finalement, je me lève et je vais faire quelques pas dans le couloir. Le silence a repris possession des lieux. Seulement, le roulement continu des roues sur les rails et un léger claquement derrière la vitre lorsque nous croisons un train de fret. Dans la nuit, nous avons passé la ville dOmsk (1, 3 million dhabitants) située à 2711 km de Moscou.
Nous nous arrêtons en gare de Tioumen. Il fait 1°C et il est 8h28. Nous navons plus que 2 h de décalage avec Moscou. Vingt minutes de stationnement : jai le temps de prendre lair. Un train de couleur verte arrive sur la voie dà côté et simmobilise. Sur les plaques métalliques peintes en blanc et fixées au train : je lis 北京 Beijing (Pékin) et MOCKBA (Moscou). Cest le Transmandchourien. Je demande à lun des contrôleurs chinois, revêtu dun costume impeccable et qui se tient presque au garde à vous sur le quai, si je peux le photographier. Il me fait non de la tête sans détourner son regard
Nous repartons en direction de Yekaterinbourg. Quelques flocons de neige commencent à tomber. Nous avons encore près de 24 h à rouler avant datteindre Nijni Novgorod.
alioth
" Ils ne poursuivent rien du tout, dit l'aiguilleur. Ils dorment là-dedans, ou bien, ils bâillent. Les enfants seuls écrasent leur nez contre les vitres ".
extrait "Le Petit Prince" Antoine de St Exupéry
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