Les jours où je me tue, je me retrouve dans une sorte détat ectoplasmal avancé. Ceci rend fort propice lexploration aérienne de contrées habituellement parcourues les pieds bien trop sur terre et la tête tellement sur les épaules quelle aurait tendance à sy enfoncer.
Ainsi donc me retrouvai-je un de ces jours récemment advenus, dans la position de mirer tout ce beau monde den haut.
A ce jeu on risque de sempaler sur quelque obstacle dun peu trop près approché, grisé par la sensation combinée du flottement et de la vitesse. Entre jouer les Casper casse-couilles ou discrets, jhésitais encore, quand je percutai, droit dans la face, ce passant malencontreusement occupé à remplir ses fonctions de passant. Si la chutaison fut rude, ce nétait rien comparé à la baisse daltitude générale qui sensuivit.
Moi qui voulais menvoyer en lair, je me trouvai prise dans un quiproquo fort préoccupant.
Le mécréant affublé dune solidité sans faille se croyait indéfectiblement palpable, tandis quil toisait ma transparente pâleur avec torpeur. Jentrepris alors de le convaincre que sa chair ne valait pas plus tripette que mon trip en éther.
O ciel, que neussé-je rien dit, il prit la mouche.
Tentant de se faire justice et de démontrer ses thèses, il commit un forfait au moment où il entremêla nos membres. Je me vis ainsi écharpée en filets de barbe à papa de bras et autres doigts, échouant à chacune de mes tentatives de reprendre un envol ardemment désiré.
Leffronté seffara de la situation, tandis quun troupeau de badauds penauds et ne chiquant mot de ce qui se déroulait sous leurs yeux, se formait peu à peu autour de nous.
Craignant que la situation ne dégénère davantage, je tirai, poussai, souquai ferme pour me libérer de lemprise gluante et tenace de la réalité corporelle à laquelle ce satané souhaitait me réduire, pour ne pas devenir rachitique lui-même.
Je marrachai finalement, non sans peine, de ce piège affligeant.
En repartant, fantôme boiteux et famélique, je jurai bien que plus jamais on ne me reprendrait à fricoter avec la sphère terrestre, lorsque, par chance, celle du cran du dessus mouvre ses bras.
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