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Objet de pouvoir, pouvoir sous influence. par Moleskine pdf

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Le 8 mai 1988, François Mitterrand, au soir du second tour de la présidentielle, est réélu avec 54,02 % des suffrages. Quelques mois plus tôt, sa cote de popularité était au plus bas (45 % d’opinions défavorables en mars 1987). Défaite de la gauche en 1986 (248 sièges contre 290 pour la droite « républicaine » ; pour mémoire, 35 sièges pour le FN), cohabitation avec le gouvernement Chirac, le Président Mitterrand semble ronger son frein, s’investissant avec un talent certain dans le « domaine réservé du président », certes, mais la droite gouverne. Et soudain, les courbes s’inversent, rapidement s’envolent vers des cieux présageant un deuxième mandat inéluctable… aboutissant à une victoire frisant la correction face à Chirac. Comment expliquer cette assurance retrouvée, cette remise en selle, cette embellie non annoncée par les pythies modernes que sont les instituts de sondage ? Certains personnages sont intimement liés au pouvoir –supposé ou avéré- d’un objet leur étant indissociable. On citera entre autres la chevelure de Samson, le sou fétiche de l’Oncle Picsou, ou encore le trombone de Mc Gyver… Privés de ces objets, de leur objet, leur pouvoir, quel qu’il soit, s’étiole telle la fleur d’un coquelicot séparée de sa tige en terre. Parmi les accessoires vestimentaires indissociables de l’image de François Mitterrand, figure bien sûr l’écharpe rouge, mais surtout, surtout, le feutre noir à larges bords. Un chapeau (fût-il feutre noir à larges bords) peut-il avoir une influence sur le comportement de celui (ou celle) qui le porte ? De là même, peut-il influencer son destin ? Parallèlement, le porteur de ce couvre-chef peut-il transmettre quelque matière à l’accessoire par lui porté ? C’est ce que nous amène à découvrir Antoine Laurain dans ce roman, au travers de quatre personnages détenteurs successifs du feutre noir Mitterrandien, depuis sa « disparition » en juin 1986, jusqu’à sa « restitution » au début 1988. La possession, même éphémère, du galure présidentiel a considérablement modifié le lendemain de chacun des récipiendaires successifs, leurs succès, leurs desseins, leurs talents, leur pouvoir, leur vie de "mortels communs"… Au détour d’une page ou d’une autre, on tombe sur une pépite d’humour grinçant. Je cite notamment un dîner mondain, empli de couples à particule et autres officiers de haute lignée, lors duquel l’un des invités (« non-noble » et porteur présent du feutre noir) a l’incongruité de reprendre sèchement l’un des convives qui, évoquant le Président en exercice, le nomme «Mitrand ». Scène qui m’a rappelé, dans un registre certes différent, celle du « Subway » de Besson (pas Éric, Luc), lorsqu’une Adjani complètement barrée en punkette haute-couture vient mettre sa pointure 40 dans les plats d’un parterre de queues-de-pie corvidéennes… C’est vif, malin, dans un style enlevé et plein d’esprit ; en outre, prévoyez quelques heures de disponibilité, car ça se lit d’un trait… « Je crois aux forces de l’esprit, et je ne vous quitterai jamais » (F. Mitterrand, « Vœux aux Français », 31 décembre 1994)

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