Le plus souvent ce peuple Afar est appelé « Peuple du vent ».
Le territoire des tribus Afars s'étend du sud de l'Érythrée à Djibouti en en ayant pour frontière occidentale les hauts plateaux de l'Ahmara et du Tigray.
Sans doute une des régions les plus chaudes de la planète.
On a beaucoup dit et écrit sur le pays Afar, notamment sur leur hostilité envers les étrangers et sur le danger potentiel qu'il pouvait y avoir à les rencontrer.
Réputation partiellement usurpée si ce n'est qu'ils avaient la fâcheuse habitude d'arrêter les voitures pour se faire conduire là où ils voulaient, depuis que la dictature communiste leur avait interdit de s'approcher à moins de cinq kms des routes cette pratique a disparue, tout comme l'interdiction.
Le plus gros souci, l'accident de voiture avec un dromadaire: vilain, très vilain... Il est impératif de se sauver.
Les Afars restent cependant porteurs d'une culture passionnante et hermétique aux influences extérieures qu'ils perpétuent sans doute plus que toute autre ethnie Éthiopienne.
Fiers de leur indépendance, les Afars sont des semi nomades qui ignorent les frontières aussi bien que les lois dictées par les autorités centrales, ils se déplacent au gré des pâturages qui assurent la pérennité des troupeaux de dromadaires, vaches, chèvres et moutons qui sont leur unique richesse.
Répartis en deux grands groupes, les blancs (Adouïmara) et les rouges (Assaïmara) ils se divisent en clans (kedo) regroupant diverses lignées placées sous l'autorité d'un conseil d'ancien chargé de régler les litiges.
Musulmans de rite Sunnite, ils ont cependant conservé les vieilles croyances où interviennent les Djini (esprits), la sorcellerie et parfois les sacrifices d'animaux.
Polygame chaque homme peut avoir jusqu'à quatre épouses épousées suivant trois types d'union.
L'Absuma où le garçon prend pour première épouse une fille d'une tante maternelle.
Le Faeri où le garçon dote contre 12 vaches une fille promise à sa naissance.
Le Kofar lui, est l'enlèvement de la fille convoitée.
Les garçons subissent la circoncision à l'âge de 15 ans et les filles endurent la barbare et redoutable pratique de la circoncision et de l'infibulation.
La vie du groupe est marquée par des pratiques immuables, l'homme décide de l'emplacement du campement dicté par les impératifs de pâturages et de point d'eau, il garde les dromadaires et les vaches, quelquefois éloigné du campement pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Il se déplace alors avec son bâton en travers des épaules, porte un pagne en coton écru , une Kalashnikov et un poignard à lame recourbé, le gilé.
Très important, sa gourde, faite à partir d'une sorte de courge dont j'ignore le nom lui permettant de traire un peu du lait des chamelles allaitantes pour assurer sa nourriture.La nuit il dort à même le sol entouré de ses dromadaires qui baraquent en cercle autour de lui.
La coupe de cheveux est en boule ou quelquefois en fine mèches ondulées ointe de beurre rance.
Les femmes généralement propriétaires de leur bétail sont réputées pour leur grande beauté, elles vont poitrine nue jusqu'au mariage, portent d'imposants colliers de perles.
Comme les hommes elles arborent des scarifications et ont les incisives et canines supérieures limés en pointe.
Peuple sans écriture la transmission orale est la clef de la transmission du savoir. Les joutes oratoires, contes, poésie et dictons sont extrêmement nombreux et variés.
Un exemple de conte Afar: Un chameau dans le ciel
Il était une fois une vieille femme qui vivait avec son vieil âne. Alors que les années passaient, leurs membres devenaient lourds et leur marche pénible.
Un matin, la vieille dame se mit en chemin avec son âne pour aller collecter de l'eau. Il faisait chaud et la vieille dame se fatigua rapidement. Elle monta donc sur le dos de son âne. Mais l'âne aussi était fatigué et sa marche devint de plus en plus lente.
"Avance, vieil âne" ordonna la vieille dame, "sinon nous n'arriverons jamais à la source." Quand le vieux couple arriva finalement, la nuit était tombée depuis longtemps.
Quand la vieille dame se pencha sur le puits, elle remarqua le reflet des étoiles dans l'eau calme. En y regardant de plus près, elle vit la constellation du chameau juste au-dessus de sa tête.
"Comme tu es robuste, chameau" s'exclama-t-elle. "Si grand, si fort, si jeune, tu pourrais me transporter moi et mon eau d'un bout à l'autre de la Terre." La femme regarda alors son âne "et toi, vieil âne tout rabougri, avec tes jambes aigries et ta mauvaise respiration, tes yeux presque aveugles, tu n'es plus bon à rien. Tu es un fardeau pour moi". Et prise d'une rage folle, elle frappa l'âne sur la tête et le tua.
Le lendemain matin, la vieille femme s'en retourna dans son village. Mais, sans beau chameau ni vieil âne rabougri, elle a dû marcher tout le long du chemin avec sa pleine cargaison d'eau
L'alimentation de base est le lait de chamelle et de chèvre et la dourha, une galette de sorgho, la viande reste une exception réservée aux grandes fêtes.
Les ressources complémentaires proviennent de l'extraction du sel arraché aux plaines entourant les volcans Dallol et Erta Alé et vendu sur les marchés de Mékéllé, de Bati et de Sembété.
Les meilleurs pâturages provoquent des conflits incessants avec leurs voisins Issa et Kereyou.
Dans ce mano a mano avec un environnement aussi dur les Afars sont en lutte perpétuelle pour leur survie.
La sécheresse de 1984 par exemple en a décimé plus de la moitié.
Détail: depuis vingt ans les frontières de l'Éthiopie et de l'Érythrée sont fermées à cause d'un conflit interminable, les deux états ne sont jamais arrivés à empêcher le passage des Afars en quête de pâturages.
Par ailleurs, quel que soit le mode de vie et le caractère très particulier de ce peuple je n'ai jamais entendu proférer en Ethiopie les moindres mauvaises paroles à leur endroit.
Il est vrai aussi que l'Ethiopie est constituée d'une mosaïque de tribus toute aussi disparates les une que les autres: Sidama connus pour leur propre calendrier, les sacrifices d'animaux et leurs rites festifs, les Borana semi nomade connus pour la construction de puits remarquables pour abreuver leurs troupeaux, les Konso réputés excellents agriculteurs maîtrisant parfaitement l'irrigation et connus pour leur stèles funéraires, les Tsemaï vétu de cuir et les Arboré en voie d'acculturation « grace » à la présence d'une mission Norvégienne et d'une grande ferme cotonnière, les Hamer ethnie fascinante, aux femmes très belles , couvertes de bijoux et à la liberté sexuelle totale avant le mariage, les Aris réputés agriculteurs laborieux, les Bana, cultivateurs et chasseurs, les Karo aux peintures corporelles magnifiques, les Mugudji en voie de disparition, les Dassanetch ethnie belliqueuse entre toutes, les Mursi et leurs femmes à plateaux, les Bodis aux corps peint et au petit disque de bois inséré sous la lèvre inférieure, les Gouragué peuple commerçant, les Surma, Tishana, Boumé, Bizi, Oromo, Amhara....
La liste est interminable.
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