Il n y a pas trop dimmigrés
il y a trop d'humiliations, de discriminations, de stigmatisations
à leurs égards
Au confluent denjeux politiques, scientifiques et didactiques très complexes, lhistoire et la présence de limmigration posent plusieurs problèmes.
Trois difficultés majeures ayant trait à la scientificité de cette discipline historique : dune part à la non résolution de la question coloniale longtemps occultée en France, dautre part; la conception de l'Etat -nation, enfin aux débats concernant lassimilation et ou /intégration des immigrés, débats périodiquement réactivés voire instrumentalisés politiquement par temps de crise et de campagnes électorales. Cette histoire de limmigration a longtemps été évitée et tenue à distance malgré les traces vivantes dun passé brûlant teinté par lombre de la méconnaissance.
Tous les historiens saccordent sur le fait que la présence étrangère en France est une réalité très ancienne, que lislam en France nest pas une donnée inédite et quau temps des colonies, la France se définissait comme lune des « premières puissances musulmanes » et la métropole daligner fièrement ses troupes musulmanes doutre mer.
Les trois premières arrivées sur le sol français ont eu lieu dans le Languedoc (VIII ème siècle, en 719 avec la conquête de la Septimanie par lémir el-Samah), en Camargue (IX ème siècle) et en Provence (X ème siècle). La quatrième a eu lieu au XVII ème siècle à la suite de lexpulsion dEspagne décidée le 10 janvier 1610 des « Morisques », musulmans espagnols convertis en apparence au Christianisme pour échapper à lInquisition. Ils furent fixés à la suite dun serment collectif dans les Pyrénées en vue de repeupler cette zone ravagée par les guerres.
Par ces contacts permanents et variés, le regard porté par la France sur ses étrangers a beaucoup changé à travers les périodes historiques et par là même, la notion détranger a connu plusieurs évolutions. Ce nest pas seulement le droit des étrangers qui a évolué, cest aussi la notion même de celui-ci qui a changé.
Dans lEurope du Moyen- Age, létranger nexiste pas. Dune part, il y a le païen, dautre part le juif. Il existe aussi les « aubains » étrangers qui ne sont pas de la seigneurie. Ce sont eux qui ont donné leur nom au droit daubaine (interdit par la révolution de 1789), lequel consiste à refuser à létranger le droit dhériter et de léguer un héritage. Ce droit a été le symbole de la condition des étrangers sous lAncien Régime.
Ensuite et durant plusieurs décennies la France a connu plusieurs vagues migratoires : le s Belges, puis les Italiens, les Polonais ensuite après 1945 les Maghrébins.
Une installation durable et définitive
Le passage de lexil provisoire à lexil définitif a modifié radicalement une série de comportements et de besoins de limmigré. Avant ce dernier était « invisible » : du foyer Sonacotra au travail et du travail au foyer, les week end dans les bars de Barbes à paris ou de la Place St Charles à Lyon, invisibles et supportables.
Aujourdhui, ils sont là, avec leurs familles, bien visibles : on les rencontre partout : devant les écoles ; devant les centres médicaux, dans les hôpitaux.Ils fréquentent plus assidûment la sécurité sociale et sen vont toucher les allocations chômages.Avant quand limmigré se retrouvait au chômage, il rentrait au pays parce que là-bas, il vivait mieux avec les économies quil avait pu faire ici quavec les allocations chômage.
Aujourdhui la retraite se passe en France.la demande de religion saccomplira donc ici. Souvent, on a interprété cette demande comme un refus dintégration.Ces interprétations ramènent lintégration à une simple posture mimétique: faire comme les Français, comme la société française.
En réalité, la demande de religion est une démarche dintégration.En effet, tant que la France était perçue comme une terre impie, une terre profane, on laissait le sacré au pays, dans le « Dar el islam ».A partir du moment où la France est considérée pour le Musulman/immigré comme la terre où il va mourir, le besoin du sacré se fait sentir.Et il est dautant plus insistant quil devient indispensable pour supporter leffritement du mythe du retour.
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