Paris sous la pluie, square Baudelaire, une femme pleure.
On dirait une delphine échouée au bord de la plage, à l'agonie.
Et ça vous met le cur en charpie, à bout de force.
Mais comment elle tient encore debout la dame, avec toutes ses larmes mouillées par la pluie de mai, par quel mystère ?
Il y a de quoi partir aux Marquises pour parler fruit à la place de la mort, ne pas gémir surtout sur le sens de la vie dans ce monde incohérent vraiment. Mais elle s'en fout la pleureuse de nos états d'âme à deux balles. C'est qu'on peut pleurer pour tellement de raisons, et sans qu'aucune morale vienne y délivrer sa prime à la qualité, jamais.
Pourtant, seule sous la pluie, cela raconte autre chose il me semble, comme une histoire triste, un drame d'amour peut-être, un enfant perdu, un deuil. Elle doit avoir mon âge, à quelques années près, soit déjà le point de non-retour. En souriant, une autre vie lui apparaîtrait certainement au visage.
Aaaaaaaaaaaah...
Elle crie, un cri d'animal blessé qui voit la faucheuse rappliquer à toute allure. Juste le temps de faire le 18 avant de me boucher les oreilles pour ne plus l'entendre ce râle maudit. Autant de secondes gagner sur l'éternité là-bas. Ici l'infortune ne se partage pas, elle se vit selon les moyens du bord, le courage n'y suffit pas hélas, été comme hiver.
Enfin, à la fontaine des larmes, les pompiers sont venus éteindre l'incendie, couverture de survie à l'appui. Elle est montée dans le camion sans violence, sans se défendre, l'esprit perdu aux quatre coins de sa douleur. Ses cheveux tombaient sur ses hanches. Est-ce ainsi que les femmes vivent dans mon pays ?
Paris sous la pluie, square Baudelaire, j'ai lair con avec mes raquettes de ping-pong, trempé jusqu'à l'os. On a souvent l'air con dans la vie de tous les jours, oh oui. Mais peu importe si la promesse d'un monde meilleur se rejoue toujours. D'ailleurs Fufu Pong a attendu Lee Ping de nombreuses années, alors pourquoi pas nous...
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