Petit à petit les couleurs disparurent, je pénétrais dans un monde en noir et blanc, les sons sestompaient faisant place au bruit de lagitation moléculaire, le sang circulant dans les artères faisait entendre son grondement caverneux.
Le contraste du noir et du blanc se diluait à son tour dans le gris, le sol se dérobait sous mes pieds pour rejoindre le plafond, jassistais impuissant au flottement de mon corps, à la mise en errance de mon esprit.
Lhorizon nétait quun lointain souvenir, mon passé sévanouissait derrière moi.
Je me retrouvais tout seul avec ma petite enveloppe devant lurne qui se voulait si transparente quelle mavait vomi de ma réalité me refusant la moindre virtualité.
Javais lair dun con ma mère avec ma petite enveloppe, peut être en avais-je aussi les paroles, tu sais cette parole si sensée qui mavait dit de me casser, oui ma mère jaurai du lécouter et ne pas croire que ma petite voix pourrait peser dans la décision.
Devant ce grand mur blanc, plus lamentable quun recueil de lamentations, nous étions nombreux à ressasser nos rêves bienveillants dun monde meilleur à venir, à vouloir dessiner lesquisse de lavenir de nos enfants. Une fois, encore une fois, nous voulions serrer dans nos bras ce démon qui nous paraissait si vertueux et qui nous attirait dans son nid dange.
Ce mur aussi blanc quune page décriture nous promettant contes et merveilles à découvrir, nétait que le linceul recouvrant égalités et libertés mortifiées à laune de la vanité du pouvoir.
Au pied du mur il ny avait pas de maçons franc ou menteur, il ny avait que des menteurs qui commençaient toujours leurs phrases par « je vais vous dire la vérité » et les terminaient par « ne les écoutez pas ils vous mentent ». Ils parlèrent tellement de transparence quils finirent par disparaitre de notre vue et nous infligèrent des cicatrices si profondes dans la peau que le doute se calcifiait pour léternité.
De la gauche à la droite de lédifice, ils étaient venus avec leurs pinceaux et sétaient retroussés les manches pour loccasion. Nos artistes avaient sorti gouaches et caran d'ache pour redonner vie à notre vie.
Sans attendre ils avaient commencé à dessiner leur projet tout en prenant soin de gommer au fur et à mesure celui de leur petit camarade de classe. Il y a des règles apprises sur les bancs de lécole qui ne sauraient souffrir dexception.
Le mur restait blanc immaculé des traces de gomme.
Lart a bien changé, aujourdhui le remplissage est moins important que de taguer de sa signature les phrases assassines.
Devant tous ces graffitis ma mère, je serre les poings, ma petite enveloppe nest plus quune boule de papier froissé, comme je lai été quand tous étaient daccord pour dire « vous savez les français ne sont pas idiot .. »
Lcm
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