G.FAUBERT, lettre à G.SAND 12juin 1867
"Je me suis pamé,il y a huit jours,devant un campement de
Bohémiens qui s'étaient établis à rouen.Voilà la troisiéme fois
que j'en vois.Et toujours avec un nouveau plaisir.L'admirable,
c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois,bien qu'inoffensifs
comme des moutons.Je me suis fait trés mal voir de la foule,
en leur donnant quelques sols.Et j'ai entendu de jolis mots à la
prudhomme.Cette haine-là tient à quelque chose de trés profond
et de complexe.On la retrouve chez tous les gens d'ordre.C'est la
haine qu'on porte au Bédouin,à l'Hérétique,au Philosophe,au Solitaire
au Poète.Et li y a de la peur dans cette haine.Moi qui suis toujours
pour les minorités,elle m'exaspére.Du jour ou je ne serais plus indigné,
je tomberai à plat,comme une poupée à qui on retire son baton".
(Correspondance,éd de la Pléiade tome 5,pp.653-654)
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