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Le Revard par la face Est (sans piolet ni haine ni peine) par Zlyborg

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Je délaisse la bicyclette à panière, gonflé à bloc pour les futures courses, et j’enfourche mon vélo. Après une boucle d’échauffement par Mery et Mouxy j’aperçois le premier panneau qui indique : « Le Revard dix-sept kilomètres ». Cela m’évoque les dix-sept tournants de mes sorties dominicales. C’est rassurant et je me sens dans mon élément. Bien que soudain je sois moins sûr de la pertinence de certains raccourcis de formulation ! Cela va me permettre de confronter celui-ci à la réalité. Les premières pentes sont déterminantes pour trouver le bon rythme. Je sens un faux rythme qui s’installe et que, faute de repère je vais sans doute conserver jusqu’au sommet. A moins qu’un régional ne me rejoigne et que je parvienne à prendre sa roue. Le soleil sort de son écrin de ouate. De mon ombre projetée sur le bitume il brode le chapelet de mes pensées vagabondes. Le Revard quatorze kilomètres, pente six pour cents. Je suis déjà sur mon plus petit développement. Sans braquet de réserve je me rassure en me rappelant que le Revard est un col facile. (En tout cas plus que le col du chat si j’en crois ce que l’on me raconte) Un pique-niqueur matinal m’encourage. Il s’est installé là, à l’extérieur d’un virage en solitaire. Qu’attend-t-il ? Je n’ai pas encore croisé la moindre touriste en goguette… Le Revard dix kilomètres, pente huit pour cent. Après sept kilomètres d’ascension mon rythme cardiaque s’est assagi me permettant de passer sans problème cette pente à huit pour cent avec mon plus petit braquet que je ne quitte plus. Un escargot, qui a décidé de traverser la route, s’est fait piéger par la dissipation précoce des brumes matinales. Il en est au quart de sa traversée et en plein soleil. Je m’interroge sur ses chances de parvenir à ses fins. Certes je n’ai encore croisé aucune voiture… m’enfin. Je poursuis l’ascension. Désormais les hautes herbes, largement ornementées de pâquerettes et de fleurs de pissenlits, ont fait place à une prairie alpine beaucoup plus stricte et discrète. A l’approche des premiers chalets de la station de ski aux volets clos, je suis impressionné par le calme qui me permet de distinguer plusieurs sortes de chants d’oiseaux qui semblent surpris par l’arrivée brutale de l’été. Le Revard, m’y voilà. La vue sur la chaîne des Alpes aux sommets enneigés vaut bien un arrêt. Surtout par cette température estivale ! Maintenant la descente. Il ne s’agit plus de broder mais de filer à soixante-dix kilomètre heure tout en finesse et en prudence. Je ne voudrais pas me retrouver nez à nez avec un escargot ! Le vent qui balaie la vallée a décidé qu’il ne serait pas mon allié. C’est ainsi mais je préfère la loyauté d’un col qui annonce sa pente et son kilométrage à la fourberie du vent qui virevolte et m’oblige à jouer du braquet jusqu’à l’arrivée au bercail. Quant au raccourci de formulation du début, je trouve qu’il est tout à fait acceptable pour tout familier des dix-sept tournants et des cols de dix-sept kilomètres.

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