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31 octobre 2012 - 7H
Depuis quelques temps déjà, j'avais remarqué que ses flancs s'arrondissaient. Je savais bien que les trois Bolots occidentaux qui l'avaient agressée quelques semaines auparavant, feraient forcément souche.
Et là, ça démarre... Depuis ce matin, elle tourne en rond, geint, halète, ne sait manifestement pas ce qui lui arrive. Elle ne me quitte pas d'une semelle et me lance des regards de désespoir mêlés de reproche car il semble que je ne réponde pas à ses attentes.
Je m'agenouille sur le sol de la salle de bain. Elle vient se blottir au creux de mes jambes, ne trouve pas la position idéale, se tourne, se retourne, vire encore et finit par redescendre sur le sol.
Je lui présente, l'un derrière l'autre les trois nids préparés à son intention. Elle les explore, les renifle mais aucun des trois ne lui convient et elle s'en va, me laissant dépitée, en proie à l'inquiétude quant à son choix futur sur le lieu de naissance de ses petits... C'est que la dernière fois, elle avait fort judicieusement choisi de leur donner le jour dans l'endroit le plus obscur de la maison, sous ma couette ! Et c'est là que, charmée, je les avais découverts, au moment de me coucher...
Cette fois-ci, il ne peut être question pour moi de garder tous ces petits, les rares amis intéressés par ces petites boules de poils les ont déjà recueillis lors de la précédente portée et je risque de ne trouver aucun nouvel adoptant.
Et moi, pauvre gourde, pensant qu'elle ne pourrait ressentir les affres de l'amour avant la fin de l'allaitement et donc de la stérilisation que je lui avais prévue, je lui avais ouvert la porte du jardin, lui facilitant ainsi une rencontre fructueuse avec les prétentieux machos le fréquentant.
10H
Ca y est, son choix est fait. Un vieux drap roulé dans un carton que j'ai sorti hier du coffre de ma voiture pour le jeter, semble la ravir.
De longs spasmes lui tordent le ventre, elle miaule de douleur et expulse dans un cri rauque, une petite poche qu'elle s'empresse de déchirer avec ses crocs, libérant un minuscule chaton noir dont elle nettoie aussitôt la gueule avec un ronron de libération.
Deux heures plus tard, ce sont quatre miniatures, luisantes d'avoir été trop léchées, qui piaillent en cherchant maladroitement ses mamelles.
Le moment fatidique est arrivé pour moi !
Je vais suivre le conseil que m'a délivré un collègue à qui l'oncle vétérinaire a révélé la méthode la plus douce pour rapidement expédier "ad patres" les petits indésirés. Je laisserai cependant à la mère un chaton qu'avec un peu de chance, j'arriverai à caser dans trois mois.
Beurk, beurk, beurk ! C'est fait ! Pfffou !
15H
Pour me changer les idées et éloigner la culpabilité envahissante, je pars en courses au supermarché le plus proche. Bien m'en prend car j'y rencontre une amie avec qui je papote un moment et qui me requinque le moral.
18H
Courses rangées, frigo chargé, conserves et bouteilles empilées dans la cave, je suis à nouveau prête à affronter les déferlements d'amis à qui il prendrait la bonne idée de venir me rendre visite.
Justement, la sonnette résonne - j'ai bien fait de faire les courses ! - j'ouvre et me trouve nez à nez avec trois démons et sorcière hurlant et me réclamant à tue-tête des bonbons. Et là, je maudis mon étourderie légendaire. Je n'ai aucune friandise à offrir à ces monstres et c'est le soir d'Halloween !
Qu'à cela ne tienne, ils veulent des gourmandises, ils vont en avoir. Mon imagination débordante me suggère très rapidement une solution tout à fait adaptée à la situation et les priant de m'attendre quelques instants, je vais dans le cellier chercher ce qui fera leur bonheur de suc et incubes.
Les petits gnomes crient de joie en me voyant revenir, tenant dans mes mains des sucettes givrées enveloppées de cellophane. Fébriles, ils les déballent rapidement et s'apprêtent à les porter à leurs bouches lorsque simultanément ils poussent un long hurlement, laissent tomber mon offrande et s'échappent de mon jardin, comme s'ils avaient le diable à leurs trousses.
Malgré la stupeur qui m'étreint, je ramasse les sucettes et les considère. Qu'est ce qui a pu effrayer à ce point ces apprentis vampires ?
Ils sont pourtant fort engageants ces chatons congelés que tout à l'heure j'ai empalés rapidement sur des bâtonnets pour complaire à ces gosses mal élevés.
Décidément, je ne comprendrai jamais les enfants !!!
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