Il y a longtemps. Elle aime venir. Elle viendra. Elle na pas pour habitude de manquer les rendez-vous. Nos rendez-vous. Cest pour bientôt. Elle doit déjà simpatienter. Je limagine..Je peux la voir préparer sa valise. Mettre ses affaires en ordre. Prier quelquun de bien vouloir passer arroser les plantes. Tu sais combien elle les aime ses plantes. Pour rien au monde elle ne les laisserait dépérir. Je la comprends. Je suis comme elle. Cest elle qui ma appris lamour des fleurs, ....et aussi celui des chats...Nous sommes pareilles. Moi aussi je suis fébrile, il me tarde de la retrouver. Elle me manque. Pourtant tu le sais bien, lorsqu' elle est là, elle me pèse, elle prend trop de place, elle me vampirise. Elle métouffe. Je sais ce nest pas sa faute, cest ainsi. Inutile de lui en faire le reproche, cest la vie, on ny peut rien, elle ne changera pas.
Cest bien pour cela aussi que cette distance entre nous est nécessaire. Cest bien que nous soyons loin lune de lautre. Cet air il me le faut. Elle maurait sucé le sang sinon. Tu la connais toi. Tu peux comprendre.
Elle va venir. Je suis comme une enfant, je lattends. Jattends delle quelle mapporte un peu de lenfance, de ce passé heureux, de ces étés davant, de ce suc des fruits vermeils, tout ça dans son sac, quelle ouvrira dès son arrivée pour en sortir des bonbons ou de petits présents quelle distribuera en nommant chacun dentre nous, dune voix un peu haute mais si tendre, ponctuée de petits rires en cascade.
Jattends aussi ce moment neuf. Ce sera encore comme une première fois. Cest toujours bon les retrouvailles. On croit chacune de son côté que tout va bien se passer...On trouvera ça facile au début...puis il arrivera fatalement linstant où un mot de trop, -une interjection, -un silence même, -rien parfois,- fera basculer le présent si paisible en apparence, et le réduira à néant. Ca remonte à loin tout ça. Nous ny pouvons rien. Chaque fois le présent se brise en éclats coupants qui se fichent dans nos curs.
A lheure quil est, en tout cas, je suis certaine quelle se réjouit de me revoir. Tout comme moi, et je dessine déjà pour elle la route quelle va suivre jusquici, bordée de frondaisons émeraudes, dans les senteurs chaudes de lété, et quand le couchant rosira lhorizon, elle saura quelle est arrivée.
Elle viendra. Je le sais.
Cest drôle pourtant, il nempêche, ce matin jai comme un pressentiment, sans doute est-ce le décalage horaire, la nuit a été courte, jai mal dormi, il me vient des idées sombres, un doute massaille. Cest ton pas ...tu hésites...tu mapportes une lettre. Tu las lue : elle tétait adressée, à toi.
Maman ne viendra pas.
Elle nous fait part de ses regrets :
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« Son cactus rose va probablement fleurir. C'est une plante très rare, quon lui a donnée, et qui, lui a-t-on dit, ne fleurit sous nos climats que tous les quatre ans ».
Elle se sent vieille maintenant. Elle craint de sabsenter : elle nest pas certaine dêtre encore là dans quatre ans pour le voir refleurir une autre fois....
Hommage à Colette
et à Sido réinventée..................
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