ETOILE, LA GITANE
En hommage à Federico Garcia Lorca, ma bien modeste contribution.
Une fille
Marche dans la nuit venue.
Le long des façades colorées,
Un froissement de bas résilles
Crisse dans la ruelle
Aux senteurs dépices et de fleurs
Au fond d'un patio,
Crépite un flamenco,
Devant elle se dresse une église sombre
Doù séchappent des parfums dencens
Ni sainte, ni mauvaise
Ni tolérante ni hostile
Seulement passionnée
Hautaine
Pathétique
Indifférente
Fière sur ses talons trop hauts
Sensuelle, terriblement
Maternelle en secret
Menteuse, tricheuse,
Tendre et fervente
Les épaules nues
L'il de braise
Amante
Les lèvres fardées de sang.
La mélopée sempare delle,
Faite du bruit des jets deau qui jasent,
Des accords violents dune guitare,
Du pas dun cheval noir
Piaffant près des oliviers.
Relisons le grand poète :
« Presse ta bouche pourpre sur la mienne,
Etoile, la gitane !
Et sous lor solaire du grand midi
Je mordrai à la pomme.
Par les verts oliviers de la colline,
Il est une tour maure
Qui rappelle le teint de ta peau brune
Fleurant miel et aurore.
Ton corps brûlé au soleil me dispense
Le divin aliment
Qui fait fleurir le cours deau apaisé
Et sétoiler les vents.
Pourquoi tes-tu livrée, lumière brune ?
Pourquoi mas-tu donné remplis
Damour ton sexe de lys
Et la rumeur de tes seins ?
Serait-ce pour mon air si triste ?
(O ma lourde démarche !)
Ou si ma vie ta fait pitié
Qui à chanter se fane ?
Pourquoi nas-tu préféré à mes plaintes
Les cuisses en sueur
Dun saint Chrisptophe campagnard, lentes
Dans lamour et superbes ?
Danaïde des voluptés, tu es
Un Sylvain féminin
Dont les baisers ont le parfum des blés
Grillés par le soleil.
Obscurcis-moi les yeux avec ton chant.
Laisse ta chevelure
Sépandre solennelle comme un voile
Dombre sur la verdure.
Rougis pour moi de ta bouche sanglante
Tout un ciel damour
Où sur un fond de chair luit la violette
Etoile des douleurs.
Mon Pégase andalou est le captif
De tes yeux ouverts.
Il senvolera dolent et pensif
Lorsquil les verra morts.
Quand tu ne maimerais pas, moi je taime
Pour ton regard sombre
Ainsi que pour sa rosée lalouette
Aime le jour nouveau.
Presse ta bouche pourpre sur la mienne,
Etoile, la gitane !
Et laisse-moi sous le feu de midi
Mordre à la pomme. »
( FEDERICO GARCIA LORCA , Véga de Zujaira, Aout 1920)
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