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Etoile, la gitane par Misty44

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ETOILE, LA GITANE En hommage à Federico Garcia Lorca, ma bien modeste contribution. Une fille Marche dans la nuit venue. Le long des façades colorées, Un froissement de bas résilles Crisse dans la ruelle Aux senteurs d’épices et de fleurs Au fond d'un patio, Crépite un flamenco, Devant elle se dresse une église sombre D’où s’échappent des parfums d’encens Ni sainte, ni mauvaise Ni tolérante ni hostile Seulement passionnée Hautaine Pathétique Indifférente Fière sur ses talons trop hauts Sensuelle, terriblement Maternelle en secret Menteuse, tricheuse, Tendre et fervente Les épaules nues L'œil de braise Amante Les lèvres fardées de sang. La mélopée s’empare d’elle, Faite du bruit des jets d’eau qui jasent, Des accords violents d’une guitare, Du pas d’un cheval noir Piaffant près des oliviers. Relisons le grand poète : « Presse ta bouche pourpre sur la mienne, Etoile, la gitane ! Et sous l’or solaire du grand midi Je mordrai à la pomme. Par les verts oliviers de la colline, Il est une tour maure Qui rappelle le teint de ta peau brune Fleurant miel et aurore. Ton corps brûlé au soleil me dispense Le divin aliment Qui fait fleurir le cours d’eau apaisé Et s’étoiler les vents. Pourquoi t’es-tu livrée, lumière brune ? Pourquoi m’as-tu donné remplis D’amour ton sexe de lys Et la rumeur de tes seins ? Serait-ce pour mon air si triste ? (O ma lourde démarche !) Ou si ma vie t’a fait pitié Qui à chanter se fane ? Pourquoi n’as-tu préféré à mes plaintes Les cuisses en sueur D’un saint Chrisptophe campagnard, lentes Dans l’amour et superbes ? Danaïde des voluptés, tu es Un Sylvain féminin Dont les baisers ont le parfum des blés Grillés par le soleil. Obscurcis-moi les yeux avec ton chant. Laisse ta chevelure S’épandre solennelle comme un voile D’ombre sur la verdure. Rougis pour moi de ta bouche sanglante Tout un ciel d’amour Où sur un fond de chair luit la violette Etoile des douleurs. Mon Pégase andalou est le captif De tes yeux ouverts. Il s’envolera dolent et pensif Lorsqu’il les verra morts. Quand tu ne m’aimerais pas, moi je t’aime Pour ton regard sombre Ainsi que pour sa rosée l’alouette Aime le jour nouveau. Presse ta bouche pourpre sur la mienne, Etoile, la gitane ! Et laisse-moi sous le feu de midi Mordre à la pomme. » ( FEDERICO GARCIA LORCA , Véga de Zujaira, Aout 1920)

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