Un chat à sa toilette
Tout contre léventail quagite une mousmée,
Un voile où les lueurs séteignent en mourant,
Jai cru voir un ciel noir sur un lac, entourant,
Deux noyaux doliviers dans leau et la fumée.
Un fantôme au regard lumineux et sévère,
Ganté du linge bleu quenveloppait la nuit.
Alors que japprochais, jentendis le doux bruit,
De la flûte au long corps où souffle le trouvère.
On dirait un danseur, un vieux livre destampes,
Une ligne dans lair qui tangue en ondulant,
Gribouillis au cahier de lenfant turbulent,
Lombre qui naît le soir et vole au cul des lampes.
Le Manouche
Intrigué par ce cri de lâme dévêtue,
Ce qui semble vouloir vous parler
sans un mot,
Troubler lenfant qui dort, bienheureux - le marmot.
Regardez-le ! Comme on regarde une statue !
Que son sculpteur aurait façonné et qui suinte,
Sous le marbre si chaud des chairs où le burin
Cogne, au centre où le cur palpite
un tambourin,
Un chant sourd et sans fin, une trop longue plainte.
Une boucle dargent et aux doigts quelques bagues,
Pend au lobe où lon voit couler comme un sanglot,
Une perle, une fleur dor sombre dans le flot
Sableux de ses cheveux que tourmentent des vagues.
Sur son torse sétend, il est libre et sauvage,
Jésus, les bras en croix quun baiser va trahir,
Après trois chants du coq au lieu de laffranchir,
Sous le pinceau vibrant deffroi du Caravage.
Gadjo ! Il est dailleurs, des plaines qui sallongent
Imperturbablement sous le pas des chevaux.
Que le vent souffle fort, tresse des écheveaux
Au col humide et froid des nuits qui se prolongent.
Sous le camaïeu gris...
La plaine sétalait si lisse - un geai des pins,
Loquace sautillait au large des papilles
Et les mots - des colliers se pendaient en pampilles,
Aux lèvres - guillerets - comme sur des sapins.
Parfois, il arrivait quils se perdent en route,
Se cognent sur les dents avant que de chuter,
Noyés, sur le chemin où sen va caillouter,
Paisiblement lesprit au son
du goutte à goutte.
Dans ces moments, ses mains, comme un petit enfant,
Gravissaient lalphabet aux sommets où la neige
Naccrochait plus le blanc aux cheveux, mais, le beige
Aux robes, quand la fleur, danse en se dégrafant.
Bien au chaud dans le creux de son nid, la fauvette,
Nichait sous le genou, lété chassait lhiver.
Le vent soufflait si fort, couchait le vétiver
Dans les vieux souvenirs perçus à la sauvette.
Elle avait ses vingt ans blottis au fond des yeux,
Sous le camaïeu gris des lunes de tisanes,
Des sourires figés aux pieds des courtisanes
Et les tendres propos des hommes ennuyeux.
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