Il y eut un temps mort, comme un blanc dans le silence que jécoutais.
La femme de bonne aventure lisait entre les lignes de vie et versa dans linquiétude de son avenir en construction.
Je lécoutais distraitement cherchant à me soustraire de cette adolescence qui mavait quitté depuis de nombreuses années.
Entre mes mains, sous lassiette, la nappe en papier se tordait et se pliait en éventail amorphe.
Devant mon attitude vagabonde qui se perdait dans lexploration dun monde imaginaire, elle mit des points de suspension à sa lecture autobiographique et minterrogea sur le devenir de l'essuie main que j'avais pris en grippe.
Je lui répondis sans détour de mains de maître:
- C'est important de plier les nappes, quand celles-ci sont pliées, tu peux penser à ton avenir, tu viens de tirer un trait sur ton passé et ça permet de libérer ton esprit, tu te laisses aller à reconstruire une nouvelle jeunesse et à imaginer le dessert que tu vas commander (nous sommes au restaurant).
Dans les dialogues de fous il suffit d'être simple autodidacte, de poser ses valises remplies du temps qui passe et de savoir crier son silence quand la parole vous est donnée pour se comprendre sans se commette au compromis.
Elle levait les points de suspension et ouvrait les parenthèses de ses illères pour libérer l'expression de ses interlignes, ses doigts froissaient le papier voué à la tâche et donnaient naissance à des rails aux contours parallèles exprimant un sens commun à la voie sur laquelle nous étions engagés.
Nous étions dos aux murs, nos miroirs légèrement décalés de la parallaxe projetaient à linfini notre recherche du sens de la vie.
Lcm
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