Une belle après-midi dautomne comme tu voudrais encore en vivre. Grand soleil qui compense tellement bien le froid sec quil gagne dans le match thermique. Le revers de la médaille, cest que tout le monde sort de ses cages à lapin et va au vert.
Ce dimanche 23 octobre 2011, cest pas très loin de Paris, en pleine verdure, une petite forêt. À partir du cimetière et du gymnase, tu longes la petite rivière qui a donné son nom à une commune en aval, le long de grandes prairies où paissent paisiblement de très beaux chevaux avec parfois des petits poulains tout blancs et tout mignons.
Les arbres commencent à prendre leurs couleurs de cheminée. Tu aperçois un hélicoptère. Non ! pas ces vrais hélicoptères qui te polluent les oreilles, mais cette feuille de tilleul qui, avec ses hélices et ses petites boules, vrombissent au gré du vent darbres en arbres.
Cest ton enfance à laquelle tu penses, sur le moment. Revenant de lécole par le cimetière, tu tamusais à collecter ces pièces de musée. Tu les avais oubliées, enfouies trop profondément dans une mémoire sans cesse sollicitée.
Et puis, voici lattendu, cet étang que tu ne connais pas, un grand étang, tout bordé darbres, tout occupé par les troupeaux de canards qui se permettent de rire à chacun de tes passages. Les mouettes sont aussi de la partie, trop contentes de retrouver une mer demprunt.
Tiens, oui, tu surprends le vol furtif dun martin-pêcheur. Il fait du rase-mottes comme sil surfait sur leau calme. Quelques humains se prélassent le long de la berge.
Tu croises une famille. Les parents
et trois enfants. Ladolescente dune quinzaine dannées a grimpé en haut dune branche et sa sur dune onzaine dannées aide le bébé frère à escalader, lui aussi, pour rejoindre la grande sur.
Tu les recroiseras un peu plus tard. Les deux ados ont dû prendre de lavance et samusent à siffler dans un infernal appeau. La pollution sonore, tu te dis que cest inévitable. Le vivre ensemble, cest aussi le tolérer ensemble. Au bout dun bon quart dheure, lautorité maternelle met fin aux bruits dappeau qui ne troublent même plus les braves canards.
Entre temps, tu as une divine surprise. Tu entends un chant mélodieux. Presque divin. Connu. Un garçon de cinq ans court sur le petit sentier en contrefort de létang et chantonne à voix forte
lair de la reine. Oui, lair de la reine, le fameux air de la reine.
Tu fais ta révérence.
Subjugué.
Natalie Dessay (Air de la Reine) :
http://www.youtube.com/watch?v=XHSVbuoC5p0
Charlotte Gauthier (Ouverture) :
http://www.youtube.com/watch?v=08axCfY_tAk
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