La Belgique, avec son fumet fritier et sa casquette de cycliste, nous envoie régulièrement les skeuds culturels qu'on n'arrive pas à fabriquer en France.
Pour ma part, ça a commencé par Brel. Elevée au grand Jacques, le reste de la chanson à texte dont la France se rengorge tel le coq , malheureusement devant, cette fois, le paon, m'a paru encore plus plat que le pays de ce Monsieur, que je n'ai depuis écouté que de l'anglo-saxon (bouhhhh, pas bien, toussa, toussa). Baste Venus, dEUS, et Arno qui n'ont plus leurs preuves à faire, voilà Ghinzu qui ont atterri début 2000 en ami sur le sol gaulois. Forcément, ils n'ont pas l'accueil qu'ils méritent. D'autant qu'ils arrivent à peu de semaines près en même temps que les Strokes. J'espère que leur attaché(e) de presse a été viré(e) sans ménagement.
En attendant, leur single internationalisé, "Do you read me", est d'une efficacité qui laisse Julian Casablancas en position foetale. Mais ce n'est pas qu'un boys band indé (oui, ils sont mégabuen...en fait non, uniquement le chanteur, le bien-nommé John Stargasm, que j'ai eu la chance humide d'interviewer), à l'instar de Blur, qui à chaque album a pris des risques, explorant des contrées non balisées par leur maison de disque, Ghinzu, d'un album à l'autre, surprend, voire dérange. Electronic Jacuzzi, leur 1er, est très expérimental, avec du jazz, des nappes, et c'est pas comme si j'étais fan des solos onanistes (j'aime aussi Blondie, les Buzzcocks ou les Hives), mais on ne s'ennuie pas une seconde. Chaque note a sa place, et chaque place est la tienne. Ensuite, Blow, ben oui, c'est l'album pour la thune. Mais là encore, ils nous livrent un opus de qualité, du relief, des émotions complémentaires et contradictoires. Puis Mirror Mirror. J'ai jamais aimé les critiques d'album ou de bouquin, ou alors je les ai parcourues après avoir écouté ou lu l'objet de leur subjectivité. Donc, je ne vais pas détailler. Mais Mirror Mirror est à écouter d'une traite, et pas quand on est pas en plein tournoi de pétanque-pastaga ou d'enterrement de vie de jeune fille/garçon. De la substance, de l'essence, dont on ne prend la mesure, l'amplitude que seul(e). Et on se laisse emporter par la vague, un peu comme Blow, d'émotions qui s'entrechoquent au fil des titres. De l'anglo-saxon. J'avais averti. Pour conclure: de vrais musiciens, de vrais compositeurs, et ne pas se laisser berner par les clips réducteurs et ineptes (pour ceux qui les ont vus). A écouter, pas à voir. Comme un vrai groupe, quoi.
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