Tenir,
contre les rafales désagrégées de particules balayées par les vides intersidéraux, faire rempart.
Face à laffaissement de tout système qui tend à lénergie minimale,
durer.
Savoir que lon est poussière et que lon redeviendra poussière, mais à chaque instant que la conscience égrène,
lutter.
Contre la fatalité de labandon et du reniement, affirmer que lon est. Que du commencement à la fin, notre trajectoire nest pas un mouvement désordonné, mais une suite logique et autant que faire se peut, voulue.
A chaque seconde, aiguillonner son cerveau paresseux menacé par les vagues dimpressions brumeuses pour quil trie, ordonne, connecte et réalise ce miracle du souvenir et de la compréhension.
De la masse dinformations désorganisée qui menace chaque jour, tirer un fil conducteur. Traiter, décider, classer, dispatcher, construire et créer.
Prendre des mots, des images qui surnagent et leur trouver leur place exacte, comme une gare daiguillage, reliant les points cardinaux du monde extérieur. Et surtout, surtout, dresser cette barrière étanche qui délimite intérieur et extérieur.
Sefforcer, comme la première bactérie à lapparition de la vie ou encore comme Descartes par la pensée, disoler par une membrane étanche soi et le reste du monde. Létape originelle vers le filtrage du chaos.
Aux limites de la lassitude, ne pas accepter dêtre submergé par le monstre informe qui veille sur nos talons, en attendant que nous baissions les armes de la conscience et de lintelligence.
Et puis un soir, lâme en paix, céder. Renoncer à son humanité et sabandonner enfin à lentropie.
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