Il y avait cette harmonie. Entre nous, laccord parfait.
Inutile de parler, un silence suffisait. Nous étions au diapason pour aller tambour battant célébrer nos noces. Le maire allait donner le la de notre union sans nuages, les invités suspendus à notre oui, impatients de courir au ballet qui suivrait, quand soudain un coup de cymbales fit vibrer la salle des mariages, et se briser au sol le lustre de cristal en mille éclats de réalité : le chef cuistot les cheveux dressés en baguettes, fou de rage mit ainsi un bémol à notre allegro en annonçant à cor et à cri, quil venait de faire brûler le gâteau sur les feux du piano de sa belle cuisine !
Flûte alors ! cria mon promis tout deconcerto, vous pourriez la mettre en sourdine, lâcha t-il au cuistre blanc comme un linge. Sur ce il lempoigna, et le laissa pour mort.
Moi qui le croyais sexophoniste, je découvris avec horreur que mon mari était violent-celliste et en fus fort marrie moi-même.
Cette dissonance sonna le glas de nos noces et le conduisit tout droit au violon bien entendu. Il en pris pour dix ans. Pour loccuper dignement, on lui donna à fabriquer des trombones. Il en profita pour se faire une clef.
Il tenta une fugue. Il fut repris presto.
Je ne lattendis point. Et sans faire de pause, après un dernier soupir, je décidais de tourner la page. Sans tremolo, et plutôt vibrato, je me mis au pipeau.
D'abord adagio puis très vite allegretto !
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