Je viens de lire en espagnol « El corazon helado » (en français Le cur glacé) dAlmudena Grandes, plus de 1200 pages et pas un instant dennui.
Il y a deux histoires dans ce livre et les deux mont profondément touchée, en tant que femme divorcée et en tant que fille de républicain espagnol, ma petite tragédie personnelle et la grande tragédie de lhistoire familiale sy trouvant réunies.
Il y a lhistoire dAlvaro, marié et père dun petit garçon, qui tombe amoureux de Raquel au premier regard et ne peut sempêcher de détruire pour elle tout ce quil a construit.
Et il y a lhistoire terrible de lEspagne, guerre civile, exil et dictature, qui ne cesse de resurgir et dinterférer dans la rencontre entre cet homme et cette femme dont les familles viennent des deux camps opposés.
Le livre commence dans l'Espagne d'aujourd'hui lorsquAlvaro perd brusquement son père bien-aimé, un riche bourgeois qui a défendu Franco et s'est même enrôlé en 1941 dans la Division Bleue pour combattre les Russes sur le front de lEst.
A lenterrement de son père il est troublé par une jeune femme inconnue qui se tient à lécart au cimetière et part sans se faire connaître.
Dans les jours qui suivent le décès, il se plonge dans les papiers de son père et va de découverte en découverte. Il apprend ainsi que sa grand-mère paternelle, dont on ne parlait jamais sauf pour dire quelle était morte jeune de maladie, était en réalité une maîtresse décole idéaliste ayant quitté mari et enfants pour défendre le socialisme, décédée dans les geôles franquistes.
Il découvre aussi que son père franquiste possédait une carte de républicain et quavec le plus parfait opportunisme il avait rallié tour à tour les deux camps.
Cest de Raquel, linconnue du cimetière enfin retrouvée, descendante directe de victimes de son père, quil apprend bribe par bribe les mensonges, dénonciations et crimes ayant permis à celui-ci de sapproprier les biens de républicains exilés et de devenir riche.
Il affronte alors verbalement et même physiquement sa mère et ses frères pour que la vérité éclate, avant de tout quitter pour rejoindre la jeune femme.
Jai aimé ce livre qui balaie sept décennies dhistoire de lEspagne mais jignore si la traduction française est bonne, cest toujours le problème avec la littérature étrangère.
Le titre est emprunté à un poème dAntonio Machado, poète andalou mort en exil en 1939.
« Il y a un Espagnol qui veut vivre et commence sa vie entre une Espagne qui meurt et une autre qui bâille. Petit Espagnol, toi qui viens au monde, que Dieu te garde. Une des deux Espagne te glacera le cur ».
«Ya hay un Español que quiere vivir y a vivir empieza, entre una España que muere y otra que bosteza. Españolito que vienes al mundo, te guarde Dios. Una de las dos Españas ha de helarte el corazón.
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