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Soeurs et consoeurs par La Loba

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Il disait : « Je prendrai mon meilleur majeur , je l’enduirai de ma salive et le glisserai dans ta fente ...dans ta fente amoureuse » c’était comme ça qu’il disait. C’était bon qu’il le dise. C’était bon qu’il le fasse. Et dieu sait s’il le faisait volontiers, et bien ! Forcément ça donnait envie et envie d’en redemander. Il était prodigue et généreux, nous ne manquions de rien. "Nous"... j’ai dit "Nous" ? Compte tenu des statistiques tout le monde sait qu’il y a plus de femmes que d’hommes sur la terre. C’est de notoriété publique. Pas la peine de se voiler la face. Au club du troisième âge, ma propre mère avait bien vérifié l’affaire, un seul octogénaire encore vert pour sept mamies désireuses de faire un tour de danse, on se battait sur la piste pour obtenir les faveurs du vieux paon. Même à la maternelle, vous pouvez compter, dans la cour de récrée, il y a toujours un petit bonhomme assiégé par quatre groupies au moins qui se le partagent à qui-mieux-mieux. La vie des garçons est rude en effet, qui doivent parer à toutes ces sollicitations et répondre favorablement aux espérances amoureuses de ces petits bouts de femme encore en fleurs. La vie des garçons est longue aussi. Cela va prendre tout leur temps cette histoire de réajuster l’offre et la demande. On leur fera cent reproches et ils auront fort à faire. Leur calvaire serait terrible s’ils ne tiraient grandement profit de cette invraisemblable situation de déséquilibre. C’est pourquoi j’ai dit « nous ». Forcément. Sa phrase là, qu’il disait, je savais qu’elle ne m’était pas destinée en particulier. Je me devais de la partager. Il n’allait tout de même pas s’éreinter à inventer une phrase nouvelle à chaque fois. C’était une phrase bien tournée, poétique, sensuelle et chaude, il avait mis du temps à la peaufiner, à en connaître les contours et les effets sur les femmes. Il connaissait parfaitement les ondes qui parcouraient l’échine de chacune de ces louves affamées, ce que chaque mot déclenchait et les remous des ventres tendus. Il avait appris quel adjectif pouvait amplifier le désir plus encore. Par exemple pour la fente, une fente est une fente, c’est ordinaire et étroit, dit comme ça. Rajoutez lui « amoureuse » et cela change tout ! Vous la voyez sous vos yeux cette fente soudain s’entrouvrir et se dilater d’aise et de contentement, et carrément se liquéfier sous la pression de l’adjectif bien senti, ainsi que sous la poussée du majeur - le meilleur-, plongeant et fouaillant les entrailles, glissant humide de salive et d’audacieuse dextérité, jusqu’au fond de votre nuit propice. De « Notre » nuit propice. Notre nuit primitive soudain éclairée par un doigt sacré, qui en nous touchant nous rend la vie et nous émerveille............ Cessons là. Rien que d’en parler me rend nerveuse. Et ce soir ce n’est pas mon soir. Cette nuit ne sera pas la mienne. Je dois tout partager. Et le doigt et la faim du doigt. C’est ainsi que montent les désirs.

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